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© AFP/Marcello Paternostro
L'escrimeur français Brice Guyart
lors des Mondiaux-2011 de Catane (Italie), le 10 octobre 2011
Témoin privilégié du naufrage de l'équipe de France d'escrime aux derniers Jeux de Londres, le double champion olympique Brice Guyart , fraîchement retraité, estime que si l'escrime française "a touché le fond, elle continue de creuser", la faute à un état d'esprit perdu.
Il raccroche, car "il veut écrire un nouveau livre". Ingénieur informatique à la SNCF, Brice Guyart a choisi une autre voie. Mais, à 31 ans, il veut garder à l'oeil ce qui a fait son quotidien pendant la moitié de sa +jeune+ existence.
"Je veux redonner du lien entre les gens au sein de l'escrime, et je suis convaincu qu'Isabelle Lamour est la bonne personne", explique-t-il à l'AFP, alors qu'il soutiendra l'ancienne escrimeuse - épouse de l'ancien escrimeur et ministre des Sports Jean-François - à l'occasion des prochaines élections fédérales, en mars 2013.
A Londres, cet été, il a vécu un calvaire.
"J'étais complètement impuissant", raconte celui qui, pour ses 4e JO, était remplaçant. A la fois dans les vestiaires, et en tribune de presse, en tant que consultant, "je me suis senti beaucoup trop loin des titulaires".
"Ils étaient dans une bulle, ce qui est normal, mais dans une bulle négative. On sentait beaucoup de doutes, et surtout la peur de passer à côté primait sur l'envie de réussir", note-t-il.
Pour Brice, dont la soeur Astrid a elle aussi connu une grande désillusion cet été (éliminée en 8e de finale du fleuret féminin), le raté historique de Londres - zéro médaille pour la 1ere fois depuis 1960 - est tout sauf une surprise.
"Ce n'est pas juste une surprise, ce n'est pas la faute à pas de chance. Depuis 12 ans, et surtout après les jeux d'Athènes en 2004, on a senti l'esprit d'équipe qui nous caractérisait s'effriter petit à petit, confronté à la routine".
"On est resté enfermé sur nous-mêmes alors que l'escrime se mondialisait. On se croyait toujours les meilleurs. A force d'évoluer dans une prison dorée, on a fonctionné de manière stéréotypée et on a perdu le côté jeu, celui de faire face à l'inconnu, à des imprévus", argumente-t-il.
Brice Guyart ne s'exclut pas des critiques. "On s'est tiré une balle dans le pied et je me sens un peu responsable. Moi aussi je suis entré dans mon petit confort. Le problème est que tout reposait sur des initiatives individuelles. Nous n'avons pas senti d'impulsion globale, ou fédérale".
Le double champion olympique, par équipes en 2000 à Sydney et en individuel 2004 à Athènes, a bien essayé de faire bouger les choses. "J'avais écrit des choses sur mon blog il y a quelques temps. On me l'a reproché, on m'a reproché de communiquer ainsi. Alors que je sais que si j'étais passé par la voie classique, en interne, cela n'aurait pas été traité", estime-t-il.
Le jeune retraité note aussi que le haut niveau s'est coupé des clubs, de la formation, "du vivier que peuvent être ces clubs".
Alors, s'il parvient à prendre place au sein du comité directeur de la fédération, il militera pour "redonner toute sa place à l'athlète". Selon lui, le haut niveau en France - vitrine du travail des clubs au quotidien - "ne fait pas rêver les entraîneurs. De même, les anciens champions ne sont pas valorisés. Quand ils ont terminé leur carrière, ils ont juste envie de se barrer en courant", déplore-t-il.
Il attend beaucoup de cet après-JO: "l'actuel président de la Fédération et le DTN ont demandé un retour d'expérience. Mais qu'est-ce qu'on en fait ? Il n'y a pas eu d'action, c'est grave, c'est un gâchis. On a touché le fond à Londres et on continue de creuser".
Le palmarès de Brice Guyart