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A un an des Jeux de Rio et en pleine campagne de qualification olympique, voilà une polémique dont se serait bien passée l'escrime française : l'entraîneur national Hugues Obry va sans doute être renvoyé en raison d'un conflit avec un dirigeant de la Fédération.
La présidente de la Fédération française d'escrime (FFE) Isabelle Lamour a demandé au Directeur technique national (DTN) Christian Peeters "de mettre fin à la mission d' Hugues Obry ". "J'endosse pleinement cette responsabilité, et ce n'est pas un coup de tête", a-t-elle déclaré dimanche.
Point de départ de l'embrouille, des déclarations faites par Hugues Obry , entraîneur national de l'équipe masculine d'épée, à des journalistes à Moscou, pendant les Championnats du Monde.
"Quand on entend qu'un élu de la Fédération veut ma tête, je me dis que je ne suis pas là pour qu'on ait ma tête", a expliqué Obry, ajoutant qu'il souhaitait aller jusqu'à Rio avec son équipe mais quitter son poste après les Jeux. Ses hommes ont dominé la saison de Coupe du Monde mais n'ont pris que la cinquième place à Moscou.
L'élu en question n'est autre que Philippe Boisse , vice-président de la FFE chargé du haut niveau. "J'ai beaucoup de respect pour cet ancien athlète, mais en tant que personne, je ne le respecte plus. Je trouve que c'est un mauvais fruit. Je préfère me retirer plutôt que d'être dans un environnement qui n'est pas sain", a lancé Obry.
- 'Régler ses comptes' -
"Je n'ai pas de problèmes avec Hugues, il fait un bon travail en tant qu'entraîneur, mais on a des règles. Peut-être ne sont-elles pas bonnes. Peut-être Hugues a-t-il raison. Mais en attendant, elles s'appliquent", a réagi Philippe Boisse dans les colonnes de L'Equipe.
En question notamment le mode de sélection, avec une commission pour chaque arme, dont le président pour l'épée est François Bouillot, a précisé Boisse, champion olympique en 1984 à Los Angeles.
"Cette déclaration à la fin des Championnats du Monde alors qu'il y a encore des gens en piste, ça déstabilise", a déploré Mme Lamour. "Je pense que dans son esprit, il n'avait pas cette volonté précise, mais en tout cas, c'est inopportun."
"Il est en train, je pense, de régler ses comptes avec une personne, mais ce dont il ne se rend pas compte, c'est qu'il déstabilise tout un groupe et je ne peux pas l'accepter", a ajouté la présidente de la FFE.
Consciente du différend entre les deux fortes têtes, tous deux anciens épéistes, la présidente Lamour a souligné que Boisse n'avait pas fait le déplacement à Moscou en tant que chef de délégation (ce qui avait été le cas en 2013 à Budapest et en 2014 à Kazan) "justement pour ne pas déconcentrer" les escrimeurs.
- Du bronze pour finir -
Cette polémique a éclaté à un moment pour le moins mal choisi, alors que la dernière journée de compétition à Moscou n'était même pas terminée.
De plus, la course à la qualification pour les tickets olympiques n'est qu'à mi-chemin et la France ne se remet que difficilement de la déconvenue de Londres : aucune médaille, une première depuis les JO-1960 de Rome.
Dimanche, l'équipe féminine de fleuret a réussi à passer outre ce contexte tendu pour aller chercher la médaille de bronze, le troisième podium collectif d'affilée pour cette arme après l'argent en 2013 et le bronze l'an passé.
En 2014, la moisson mondiale à Kazan avait été prolifique avec sept médailles dont trois titres, mais à Moscou, les Bleus ont terminé la compétition avec trois médailles : deux d'argent (Cécilia Berder au sabre et Gauthier Grumier à l'épée), et une de bronze avec les filles du fleuret.
Un bilan en deçà des attentes du DTN, qui visait cinq médailles dont deux titres. Les qualifications pour Rio ne sont toutefois pas mal engagées, mais elles seront compliquées jusqu'au bout pour toutes les armes.