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Un kayakiste polonais s'est élancé dimanche de New York pour sa troisième traversée transatlantique, sans doute la plus ardue, avec l'ambition d'arriver à Lisbonne pour fêter ses 70 ans, le 9 septembre.
Déjà renommé dans son pays, Aleksander Doba est devenu une personnalité mondiale l'an passé après avoir reçu le prix de l'aventurier de l'année attribué par les lecteurs du site National Geographic.
Il avait alors à son actif deux expéditions transatlantiques en solitaire et en kayak.
La première l'a mené de Dakar à Acarau, au Brésil, entre octobre 2010 et février 2011, et la deuxième de Lisbonne à Port Canaveral, en Floride, entre octobre 2013 et avril 2014.
Dimanche, il a remis à l'eau son kayak "OLO", un prototype d'environ 600 kg à plein et 7 mètres de long, qu'il a dessiné en bonne partie lui-même.
Après s'être prêté au jeu des interviews et des selfies avec la centaine de personnes présentes, essentiellement des Polonais d'origine, il a donné ses premiers coups de pagaie face au One World Trade Center, situé à la pointe de Manhattan.
"Depuis le début, j'avais prévu de faire un cercle. C'était mon rêve", dit-il pour justifier cette nouvelle traversée.
L'Afrique, le Brésil, la Floride, New York, et maintenant Lisbonne en point de mire, pour boucler cette boucle insensée, autour du 9 septembre, jour de ses 70 ans.
Avant lui, nul n'avait jamais traversé l'océan Atlantique en kayak seul et sans assistance.
Le navigateur français Gérard d'Aboville a effectué ce trajet en 1980, mais dans une barque et à la rame, tout comme le Britannique Tom McLean, en 1969.
Aleksander Doba, lui, utilise une pagaie, entre 8 et 12 heures sur un cycle de 24 heures.
Ce n'est pas tout. Le dessalinisateur électrique qu'il emmène à bord n'a pas tenu plus de deux semaines lors des deux premiers voyages.
Pour obtenir les quelque huit litres d'eau douce dont il avait besoin quotidiennement, il lui fallait pédaler sur le dessalinisateur mécanique durant trois heures.
- 'Je suis à 150%' -
Il en faudrait encore davantage pour épuiser l'énergie hors norme de cet ingénieur retraité à la longue barbe blanche, qui semble en mouvement perpétuel.
"Les gens ont l'impression que je suis à 150% et c'est le cas. Donc même si je descends à 100%, je reste au-dessus de la moyenne", explique-t-il par le biais de son coordinateur, Piotr Chmielinski, qui assure la traduction.
Il s'attend à ce que cette traversée soit "la plus difficile des trois", compte tenu de la température plus fraîche de l'eau, des courants et des tempêtes annoncées.
"Ca va être intéressant", dit-il.
Sans être inconscient, il ne songe pas aux dangers de l'aventure: les requins, qu'il a déjà croisés par le passé, ou le chavirage, qu'il a déjà vécu une fois mais dont il est sorti indemne grâce à une barre spéciale pour équilibrer son kayak.
"Ou vous êtes-vous réveillé ce matin?", demande-t-il à ceux qui lui en parlent. "Dans votre lit? Savez-vous que 95% des gens meurent dans leur lit? Donc pourquoi vous mettez-vous au lit?", glisse-t-il de son ton malicieux, marqué par des inflexions enjouées.
Physique trapu et musculeux, Aleksander Doba considère l'âge comme un concept, auquel il n'adhère pas.
"Je me sens bien", assure-t-il. "Je me sens jeune et je ne veux pas faire semblant d'être vieux".
Cette fois-ci, il a demandé à sa femme Gabriela de l'accompagner à New York, alors qu'elle avait préféré rester à la maison lors des deux premières traversées.
"Je n'ai jamais donné mon feu vert, mais à partir d'un certain point, il n'y avait plus de retour en arrière possible", explique-t-elle.
"On ne peut pas empêcher une personne comme lui, avec son énergie, sa détermination, de faire ce qu'il désire vraiment", dit-elle.