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Le tir aura une importance cruciale mercredi et jeudi aux Mondiaux de biathlon de Kontiolahti, où chaque cible ratée entraînera une minute de pénalité lors de l'individuelle dames et messieurs.
Décryptage de ce moment-clé avec l'entraîneur du tir messieurs Siegfried Mazet et les membres de l'équipe de France.
. L'arme et l'armement:
"Une carabine pèse au minimum 3,5 kg. Une balle en plomb, hors étui et poudre, pèse 2,6 grammes. Sa vitesse est limitée à 335 m/s, quasiment la vitesse du son. On choisit la meilleure balle adaptée au canon car il y a des grandes différences de frottement quand elle passe. On fait des tests au printemps et chaque biathlète possède ses propres balles", explique Siegfried Mazet.
. L'objectif des tirs:
"Il faut aligner trois choses dans l'espace: le dioptre, c'est à dire le petit trou par lequel regardent les biathlètes, le guidon au bout de l'arme, communément appelé le viseur, et la cible, au fond. Ce qui est difficile, c'est d'aligner les trois malgré les mouvements de l'athlète"."
. L'importance de la gâchette:
"La façon dont on appuie dessus est déterminante. Le règlement impose que le coup ne puisse pas partir avant qu'une force d'un poids équivalent de 500 g soit exercé dessus. Les tireurs olympiques aux JO d'été ont des détentes à 100 ou 200 g par comparaison. Or, quand tu appuies 500 g, tu ajoutes encore des risques de mouvement".
. Tir couché/tir debout:
"Les cibles sont à 50 m. Le tir couché, c'est de la précision, le tir debout c'est de l'instinct. Au couché, les cibles sont beaucoup plus petites (4,5 cm contre 11 cm au tir debout). On est allongé avec beaucoup d'appui au sol. Les biathlètes accrochent leur arme à la boucle de leur brassard, et mettent en tension cette lanière, avec la crosse contre l'épaule et la main calée dans le pommeau de l'arme. On prend plus son temps, il faut un lâcher propre. Au tir debout, on n'a que deux appuis au sol. On ne reste pas très longtemps avec la cible dans le viseur. Il faut être prêt à lâcher la balle dès qu'on sent qu'on va entrer en cible, on s'arrête à peine dessus et on sort. C'est un tir en mouvement".
. Jouer contre le vent:
"Pour contrecarrer ses effets, on modifie le dioptre de quelques dixièmes de millimètres sur la droite ou la gauche. L'angle de l'axe de la carabine va en être modifié ce qui fait que les balles vont revenir dans le centre. On établit plusieurs scénarios en fonction des prévisions, en amont de la course. Pendant l'épreuve, la communication est interdite depuis le pas de tir".
. Joker et cordon:
"Le cordon, ou le joker, est une balle qui va venir se pulvériser sur le bord de la cible, à sa périphérie. Un cordon permet de faire tomber le clapet de la cible quand il y a au moins 30% de la balle qui passe dans la cible."
. A l'approche du pas de tir:
"Il faut bien penser à s'oxygéner pour être calme devant les cibles", explique Coline Varcin. "Si on a une grande bosse avant le pas de tir, on va plutôt calmer le rythme pour reprendre son souffle. Si c'est une arrivée en descente, on va avoir le temps de souffler avant et donc être un peu plus rapide sur l'arrivée".
. Face aux cibles:
"Les biathlètes bloquent leur respiration au moment de l'appui sur la gâchette. Or quand on est en dette d'oxygène, qu'on a besoin de respirer alors qu'on doit tirer, le cerveau limbique vous fait systématiquement appuyer sur la gâchette sans qu'on le veuille", explique Sigfried Mazet. "Pour se concentrer et décontextualiser, Jean-Pierre Amat (champion olympique de tir et entraîneur des jeunes au Pôle France de biathlon) me disait de penser à des moules-frites ou des pizzas. J'ai essayé mais ça ne marchait pas trop", relate Enora Latuillière.