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En retrait lors de la première semaine, Martin Fourcade a rappelé jeudi qu'il avait l'étoffe des champions en conservant son titre sur l'individuelle (20 km) des Mondiaux de biathlon de Kontiolahti en Finlande.
Il ne faut jamais douter de Martin Fourcade , 26 ans, car lui ne doute jamais.
Avec le 6e titre mondial de sa carrière -à une unité de Raphaël Poirée le recordman français- le cadet des Fourcade a balayé les embryons d'incertitude qui hantaient la forêt finlandaise depuis quelques jours.
Il a également ajouté une touche d'émotion en franchissant la ligne, les bras au ciel, en hommage aux victimes du crash d'hélicoptère qui a couté la vie à 10 personnes, lundi en Argentine, dont les sportifs Florence Arthaud, Camille Muffat et Alexis Vastine.
Trahi par le vent dans le sprint (12e), obligé de courir après les autres dans la poursuite (7e), Martin Fourcade avait affiché ses limites actuelles en début de Mondiaux.
La mononucléose contractée l'été dernier l'oblige cette saison à puiser dans son corps plus que d'habitude. Mais Fourcade, imperturbable, a de nouveau assumé son statut, malgré une faute au tir.
"Quand je pense où j'en étais l'été dernier, en devant rater le ski de fond à cause de ma mononucléose... Ce soir, d'être au top sur le podium avec le maillot jaune (de leader du général de la Coupe du Monde), c'est fou", a réagi Fourcade après son titre.
Doué, ambitieux et relax: Martin Fourcade est la force tranquille du biathlon, la figure de proue du cirque blanc français, entrée dans tous les foyers grâce à ses titres olympiques glanés l'an dernier à Sotchi.
- Son frère Simon au pied du podium -
"Parfois, je m'épuise mentalement ! C'est un défaut, je suis entier. Quand j'ai un projet et que je me lance, ou je le fais bien ou alors je ne le fais pas", confiait-il à l'AFP en début de saison.
Il l'a donc faite à fond cette individuelle, jeudi. Et ce succès lui permet de solidifier la route qui doit le mener vers une 4e victoire consécutive au classement général de la Coupe du Monde, du jamais vu.
"Je ne suis pas Histoire mais je suis très statistique. J'aime bien les chiffres, les séries, les choses comme ça. Ce n'est pas superstitieux du tout, mais ça me plaît bien", confie-t-il.
Il a bien grandi le petit Fourcade de Catalogne, tellement touche à tout dans sa jeunesse qu'il ne savait trop quelle cible viser.
La jeunesse de Simon, l'aîné, de Martin (et aussi de Brice le petit dernier) s'inscrit sur les pentes de Font-Romeu, dans les Pyrénées-Orientales, là où la famille dépense son énergie à coup de VTT, de ski alpin, de natation, de triathlon ou encore de hockey sur glace.
C'est à Prémanon, dans la Jura, au sein du pôle France, que Martin va grandir au biathlon. Et c'est en rejoignant son frère, dans les Alpes quatre ans plus tard, qu'il va devenir ce monstre de professionnalisme qui domine aujourd'hui le biathlon mondial, à 26 ans.
De son apprentissage, de ses échecs et de ses déracinements de jeunesse, Martin Fourcade a tiré une formidable faculté à réfléchir sur lui-même.
Ca tombe bien: réfléchir, c'est ce qui compte dans une individuelle, où les 20 km de ski de fond laminent les corps pendant qu'au moindre tir raté, une minute de pénalité s'ajoute au chronomètre.
Sans paniquer, il a remonté petit à petit son retard, pour devancer finalement le Norvégien Emil Hegle Svendsen , son adversaire de toujours, et le Tchèque Ondrej Moravec .
Son frère Simon termine au pied du podium, à 5 secondes de Moravec. Le seul (petit) regret de la journée.