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© AFP/FRANCK FIFE
Martin Fourcade
, le 10 février 2017 à l'entraînement des Mondiaux à Hochfilzen
Il était déjà l'homme à battre des Mondiaux sur la piste mais en ferraillant avec les Russes et en s'érigeant porte-drapeau de la lutte antidopage, le N.1 mondial du biathlon Martin Fourcade a ouvert un deuxième front. Cette pression peut-elle avoir des conséquences sur ses performances?
Les prises de position tranchées du Français sur le sujet sensible du dopage ne datent pas d'hier. Mais jusqu'ici, elles n'avaient jamais provoqué une tempête comme celle soulevée jeudi à l'ouverture des Championnats du Monde en Autriche.
Le refus des Russes de lui serrer la main sur le podium du relais mixte et un échange de propos peu amènes avec Anton Shipulin en conférence de presse ont montré que la tension était à son paroxysme. La question des répercussions sur le rendement de Fourcade, grandissime favori des Mondiaux, est désormais posée, avant la première course individuelle masculine samedi (le sprint).
Devant la presse, le double champion olympique s'est dit "droit dans ses bottes" et a assuré "assumer ses choix", dans la lignée de ses sorties médiatiques virulentes, qui avaient obligé la Fédération internationale (IBU) à organiser mercredi un Congrès extraordinaire pour durcir ses sanctions antidopage.
"Je suis un grand garçon et je peux vivre avec ça, a-t-il déclaré. On ne peut pas dire: +on n'est pas content+, sans agir. Aujourd'hui, je prends mes responsabilités comme je l'ai fait dans le passé. C'est trop facile de faire comme si rien ne se passait. On est tous responsables."
- 'Un risque qu'il accepte' -
Auréolé de ses performances hors normes, le quintuple tenant de la Coupe du Monde n'a jamais hésité à dire tout haut ce qu'il pense.
L'incident de jeudi est d'ailleurs né d'un de ses récents commentaires sur les réseaux sociaux contre le Russe Alexandre Loginov, de retour d'une suspension de deux années pour dopage ("L'un de ses plus beaux trophées", avait ironisé Fourcade). Est-il allé trop loin cette fois? Les avis sont nuancés au sein de l'encadrement français.
"Cela peut lui pomper un peu de jus mais il est capable de s'en nourrir, estime l'entraîneur des Bleus Stéphane Bouthiaux. Ce genre de situation ne peut pas être anodine mais quand il est touché, il rebondit très fort, je ne me fais pas de souci."
Le Directeur technique national du ski français Fabien Saguez est plus circonspect: "C'est possible qu'il ait laissé des plumes mais c'est un risque qu'il accepte. Il faut qu'on arrive à dégonfler cette tension pour que tout le monde se relâche. Parce qu'avec ses prises de position et son statut, les tensions sont plus fortes dans ce genre d'événement."
Les autres équipes ne souhaitent pas intervenir dans le débat, de peur sans doute de polluer encore plus l'atmosphère.
"On s'occupe d'abord de nous, cela regarde les Russes et les Français. Il faut passer à autre chose. Mais cela ne va pas affecter Martin. Du jus, il en a pour deux", juge Siegfried Mazet, l'entraîneur de tir de la Norvège.
- Une Russe suspendue -
La Fédération internationale (IBU), elle, se veut très diplomate envers la tête de gondole de sa discipline.
"On est heureux que notre meilleur athlète soit autant impliqué pour que son sport reste propre", a indiqué à l'AFP le porte-parole de l'instance Peer Lange. "On considère que Martin est dans notre camp et non pas un opposant."
Reste que le sujet du dopage dans le biathlon est plus brûlant que jamais. A la veille de l'ouverture des Mondiaux, la police autrichienne a perquisitionné mercredi l'hôtel de l'équipe du Kazakhstan et a saisi de nombreux produits médicaux.
Sans doute désireuse de donner des gages dans la lutte antidopage, l'IBU a suspendu sine die vendredi La Russe Ekaterina Glazyrina.
Cette suspension n'est pas liée aux Mondiaux eux-mêmes mais est motivée par les conclusions du rapport McLaren, qui a dénoncé en décembre un système de dopage institutionnalisé en Russie.
Selon l'IBU, Glazyrina fait partie des sportifs dont les échantillons auraient pu être falsifiés par la Russie afin de dissimuler la présence de substances interdites. Cette pratique a été dénoncée par le rapport McLaren.