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"Parfois je m'épuise mentalement", confie le double champion olympique de biathlon Martin Fourcade à l'AFP, qui avoue être "incapable de ne pas faire les choses à fond" alors que débute ce week-end une nouvelle saison de Coupe du Monde.
Q: Dans quel état d'esprit êtes-vous avant cette nouvelle saison ?
R: "Je me projette entièrement jusqu'à Noël, et sur le biathlon uniquement. On fait un sport où ça enchaîne tellement, un peu à l'image d'une saison de basket aux Etats-Unis. On fait 34 courses en 9 semaines, forcément tu te prends au jeu. Pendant ce temps, tu ne t'entraînes plus. Tu cours, tu voyages, tu cours, tu voyages... Alors jusqu'en décembre, c'est clair pour moi et ensuite je referai le point en fonction de ce qui s'est passé en décembre, des objectifs atteints ou pas, de mon classement au général de la Coupe du Monde. Les Mondiaux sont loin en mars (4-15 mars à Kontiolahti en Finlande). Je sais que j'en ai envie mais je suis concentré d'abord sur ce qui arrive".
Q: Après votre mononucléose cet été, il n'est plus envisageable de doubler biathlon et ski de fond ?
R: "La porte est toujours ouverte de la part de l'encadrement du ski de fond. S'il y a une opportunité, pourquoi pas mais je dois être honnête à 100%. Je suis incapable de ne pas faire les choses à fond. J'aimerais mais je ne sais pas. Je ne conçois pas de faire mon métier à 80%. La différence est faible mais j'aurais du mal à accepter d'être à 20% en dessous de mon niveau, de me faire plaisir sans me faire plaisir en fait. Par exemple, quand j'irai en Norvège (à l'été 2015, pour environ 6 mois), je ne vais pas faire de tourisme, je vais m'entraîner en habitant là-bas. Je veux découvrir une autre culture aussi, car même si on est des athlètes de haut niveau, on a aussi une vie sociale, on va manger chez des amis (rires). Je veux découvrir ce nouvel univers avec ma compagne, me retrouver dans un environnement différent. Mais ce n'est pas du tout dans l'idée de dire je prends les saisons qui viennent à la légère, car les Jeux sont dans quatre ans et j'aurai bien le temps de m'y remettre".
Q: Il vous arrive de vous fatiguer vous-même ?
R: "Oh oui. Parfois je m'épuise mentalement ! C'est un défaut, je suis entier, quand j'ai un projet et que je me lance, ou je le fais bien ou alors je ne le fais pas. J'ai par exemple du mal à déléguer. Quand ce n'est pas bien fait, je ne peux m'en prendre qu'à moi. Je sais que j'ai une vie assez rythmée, je sais qu'il n'y a que moi qui peut réussir à tout harmoniser du mieux possible. Même si ça me prend une énergie énorme pour y arriver. Je peux le dire: la mononucléose n'est pas arrivée pour rien, mais parce que j'étais fatigué, parce qu'il y avait eu de nouvelles sollicitations après les JO, de nouvelles choses à gérer et que finalement j'avais conservé le même système de fonctionnement. Oui, j'avais délégué une partie, en communication, en extra-sportif. Mais ensuite c'est bête, mais j'aime tout ça. Ce n'est pas une contrainte de le faire. C'est un milieu, le marketing sportif au sens large, que j'adore et dans lequel je me vois plus tard. Et du coup j'ai du mal à me séparer de ça même si je me retrouve à faire des choses qui sont inimaginables".
Propos recueillis par Frédéric BOURIGAULT