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S'adapter à la terre battue après neuf mois sur dur sans renier pour autant son style de jeu, c'est le défi que doivent relever les cadors du tennis chaque année à Monte-Carlo, premier Masters 1000 sur l'ocre.
Échanges plus long sur une surface plus lente au rebond plus haut, efficacité moindre du service et des coups d'attaque, nécessité de construire plus soigneusement les points et de s'habituer aux glissades sur la brique pilée... les changements sont nombreux et pas toujours évidents à mettre en ?uvre.
"C'est surtout les déplacements qui sont différents. Il y a parfois des faux rebonds. Il faut bien se placer par rapport à la balle, le jeu de jambes est beaucoup plus difficile. C'est une surface plus exigeante que les autres. Il faut s'y préparer physiquement", explique Richard Gasquet .
Alors qu'en général les joueurs n'ont plus mis les pieds sur terre depuis le précédent Roland-Garros au moment où ils arrivent en Principauté, le Français a eu l'avantage de faire une grosse préparation sur cette surface fin février-début mars avant le match de Coupe Davis à la Guadeloupe contre le Canada.
Mais cet apéritif n'a pas rendu le passage à l'ocre plus rapide pour tout le monde. Après l'enchaînement sur dur Indian Wells-Miami de mars, Gaël Monfils, présent aussi aux Antilles, a eu l'impression de devoir "repartir de zéro" lors de son premier tour contre le Luxembourgeois Gilles Muller.
"Au début, je me tenais très près de la ligne, comme je le fais habituellement sur dur. J'ai toujours du mal à accepter que je dois reculer", a raconté le Parisien, qui s'est retrouvé mené 5-2 d'entrée.
- A 220 km/h, ça ne revient pas -
L'aspect positif est que, sur terre battue, rien n'est jamais définitif car même les gros serveurs comme Muller ont du mal à tenir leur engagement. "Ce n'était qu'un break. Sur dur ça aurait été plus compliqué que sur terre", souligne le Parisien, dominateur à partir du moment où il s'est décidé à jouer "des balles plus bombées".
L'adaptation se fait donc autant dans la tête que dans les jambes, comme le souligne Andy Murray l'un des rares ténors à avoir eu une parenthèse sur l'ocre en finale de la Coupe Davis, fin novembre.
"Sur gazon, on peut s'en sortir avec quelques gros services alors qu'ici il faut travailler sur chaque point, ce qui nécessite beaucoup de concentration", a-t-il dit après un premier match moyen contre le Français Pierre-Hugues Herbert .
Malgré les particularités du jeu sur terre, la séparation entre spécialistes des surfaces lentes et rapides n'est plus aussi nette qu'autrefois. Tout le monde croit en ses chances sur l'ocre, même des joueurs dont l'arme principale est le service, comme Milos Raonic . D'autant que des balles vives et un temps sec et ensoleillé peuvent rendre le jeu plus rapide. Pour le Canadien, le danger serait plutôt de chercher à trop modifier son jeu.
"Je crois que j'ai essayé de trop m'adapter alors que j'aurais dû jouer comme sur dur", a-t-il dit après son entrée en lice un peu laborieuse à Monte-Carlo. "J'ai essayé de faire des choses bizarres au service en mettant trop d'effet, alors que si je tape une première balle bien placée à 220 km/h, quelle que soit la surface, elle ne revient pas, ou alors de telle manière que je me retrouve en position de force dans l'échange."