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Quinze ans après l'épisode raciste ayant visé les s?urs Williams, le tournoi d'Indian Wells a été ébranlé cette année par des propos sexistes qui ont provoqué lundi la démission de son directeur Raymond Moore.
"Si j'étais une joueuse, je me mettrais à genoux pour remercier Dieu que Roger Federer et Rafa Nadal aient vu le jour, car ils ont porté notre sport", avait lancé Moore dimanche. Il avait ensuite présenté ses excuses en reconnaissant que sa sortie était "de très mauvais goût et fausse".
En vain: lundi soir, le propriétaire du tournoi, le milliardaire Larry Ellison, double tenant du titre de l'America's Cup à la voile avec Oracle, a annoncé que Moore "avait décidé de démissionner de ses postes de PDG et directeur du tournoi avec effet immédiat".
Il faut dire que les propos de Moore, un ancien joueur sud-africain âgé de 69 ans, ont déclenché une belle controverse à laquelle se sont mêlés quelques uns des meilleurs joueurs et joueuses.
Ainsi, la N.1 mondiale Serena Williams s'est-elle sentie "offensée".
"Se mettre à genoux, ce qui est déjà assez insultant, et remercier un homme... Nous, en tant que femmes, nous venons de loin. Nous ne devons tomber à genoux sous aucun prétexte", a déclaré l'Américaine, finaliste dimanche d'un tournoi qu'elle avait boycotté jusqu'en 2015 après que sa famille a été visée par des insultes racistes en 2001.
- Djokovic en veut plus -
Interrogé en conférence de presse après sa victoire en finale dimanche, le N.1 mondial Novak Djokovic avait lui estimé que "compte tenu des statistiques qui démontrent que les matchs de tennis masculins attirent beaucoup plus de spectateurs, le tennis masculin, le circuit ATP, (devrait) se battre" pour que les prix distribués soient plus importants que ceux attribués sur le circuit féminin WTA.
Le Serbe avait cependant affirmé soutenir le "combat" des joueuses pour de meilleurs revenus, affirmant qu'elles "subissent des choses que nous (les hommes) n'avons pas à subir. Vous savez, les hormones et tout ça".
"Les femmes doivent se battre pour ce qu'elles pensent mériter et nous (les hommes) devons nous battre pour ce que nous pensons mériter", avait-il précisé.
Les dotations attribuées aux joueuses sont désormais les mêmes que celles attribuées aux joueurs dans quatre Grands Chelems et dans les principaux tournois, dont Indian Wells. Mais les femmes sont moins bien rétribuées que les hommes dans le reste des compétitions.
Ainsi, en 2015, Williams et Djokovic ont remporté trois tournois du Grand Chelem chacun, et affiché un pourcentage de victoires comparable. Mais l'Américaine a touché 10,6 millions de dollars en dotation, contre 21,6 millions pour le Serbe.
- 'Moore a pété un câble' -
Outre ces questions financières, Moore a aggravé son cas aux yeux des joueuses en s'attardant sur leur aspect physique: "Elles sont physiquement attirantes et sportivement attirantes... Il y a quelques joueuses très très attirantes", a-t-il déclaré.
"Moore a pété un câble, et Novak... vraiment?", a tweeté l'ancienne reine du tennis Martina Navratilova .
Dans la foulée des déclarations de Moore, la Tchécoslovaque naturalisée américaine avait déclaré à la BBC qu'il était "difficile d'imaginer qu'une femme accepte de revenir jouer à Indian Wells si Moore en restait le directeur".
Dans ce contexte, Larry Ellison s'est voulu particulièrement conciliant en annonçant la démission de Moore.
"Je souhaiterais remercier personnellement toutes les femmes athlètes qui ont lutté si dur pendant tant d'années dans le but d'obtenir en récompense des sommes d'argent égales (à celles des hommes) dans le tennis professionnel", a-t-il dit.
"Et je veux les féliciter pour leur réussite. Nous tous à l'Open BNP Paribas (Indian Wells) promettons de continuer à travailler avec chacun pour faire du tennis un meilleur sport pour tout le monde", a-t-il conclu.