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Roland-Garros sans toit est devenu une bizarrerie dans les tournois du Grand Chelem: Paris est le seul "Majeur" à ne pas avoir encore de solution contre la pluie alors que l'idée de couvrir le Central a germé il y a déjà quinze ans.
Récit des aléas d'un projet qui ne devrait se concrétiser au mieux qu'en 2020.
GENÈSE EN AUSTRALIE
L'idée de recouvrir le Central est née en 2001 à Melbourne. L'équipe de France y remporte alors sa neuvième Coupe Davis sous le toit de la Rod Laver Arena. Pour Christian Bîmes, à l'époque président de la Fédération française de tennis (FFT), il faut alors aussi équiper Roland-Garros. "Il a profité d'une invitation à l'Elysée pour en parler au président de la République (Jacques Chirac) et au maire de Paris (Bertrand Delanoë)", raconte à l'AFP Alain Riou, directeur adjoint de la FFT et chargé de suivre le dossier de la modernisation du site.
LES JO-2012: PREMIER REVERS
La première piste envisagée, celle d'étendre le complexe de la Porte d'Auteuil dans le Bois de Boulogne, a été jugée "déraisonnable", selon Alain Riou. La candidature de Paris aux jeux Olympiques 2012 apporte un nouvel élan au projet et débouche sur une solution: construire un court couvert "sur une plate-forme située sur le n?ud autoroutier de l'A13". Mais cette alternative, coûteuse, tombe à l'eau lorsque Londres est désignée ville hôte des Jeux au détriment de Paris.
RESTER A PARIS OU PARTIR?
Fin 2009, un nouveau président est élu à la FFT, Jean Gachassin, et un nouveau directeur du tournoi, Gilbert Ysern, est nommé. L'équipe va relancer le projet. Elle n'opte pas pour l'alternative du stade Hébert proposée par la ville de Paris, car "trop éloigné du site historique", rappelle Riou.
La question de quitter Paris se pose. La FFT imagine plusieurs scénarios: rester dans la capitale ou délocaliser le tournoi en banlieue: à Gonesse (Val-d'Oise), Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne) ou Versailles (Yvelines). "Il y a eu une grande tentation au sein de la Fédération de quitter Paris. Bertrand Delanoë a compris qu'il y avait un vrai risque qu'il perde Roland-Garros", souligne Riou.
Début 2011, les élus de la FFT, réunis en assemblée générale, votent le maintien à Paris et un nouveau projet visant à agrandir le site existant, côté est, dans le jardin des Serres d'Auteuil.
DÉTRUIRE ET RECONSTRUIRE
Les permis de construire sont déposés en juillet 2013 puis délivrés en juin 2015. Le gros du chantier consiste à équiper le court Philippe Chatrier d'un toit rétractable - comme à Wimbledon, Melbourne, et bientôt New-York (inauguration en août) - "qui pourra être déployé en une quinzaine de minutes, afin de garantir la continuité des matches quelles que soient les conditions météorologiques et de permettre la tenue de sessions de soirée". L'opération ne peut s'effectuer sans un agrandissement de la structure du court et un réaménagement de la place des Mousquetaires, qui lui est contiguë. Situé aussi dans le périmètre, le court N.1 sera détruit, puis remplacé par un court semi-enterré de 5000 places dans les Serres.
LES SERRES, POMME DE DISCORDE
Toucher aux Serres est le sujet qui fâche. Des associations de défense du patrimoine et de l'environnement ont multiplié les recours afin d'obtenir le blocage du chantier. Dernière procédure en date: celle des descendants de Formigé, architecte de la partie classée des Serres, "pour non respect de l'intégrité de l??uvre de leur aïeul". Jugement attendu fin 2016.
"Cela fait maintenant six ans que les défenseurs du patrimoine et de l?environnement demandent à la FFT d'épargner un jardin botanique doublement protégé, à la fois au titre de monument historique et de site classé monument naturel", explique dans un communiqué le comité de soutien des Serres.
Ce comité propose un contre-projet: étendre le site au niveau de l'autoroute A13 comme "ce qui avait été proposé par la FFT elle-même dans le cadre du dossier de candidature de la France aux JO-2012". "On a étudié cette alternative, ce n'est pas possible pour des raisons fonctionnelles et financières", répond Riou.