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Roland-Garros a vécu l'une des pires périodes de son existence avec une météo abominable. Sans toit, le tournoi 2016 a souffert, les joueurs ont râlé et la morosité, comme la pluie, s'est installée. Et rien ne garantit que tout sera réglé l'année prochaine.
Quinze ans après que l'idée a été lancée, le court central n'est toujours pas couvert, contrairement aux stades des trois autres levées du Grand Chelem. Il faudra attendre 2020. Au mieux.
Car Roland-Garros ne veut pas juste un toit pour se protéger de la pluie, mais veut aussi s'agrandir, alors qu'il dispose actuellement de la plus petite surface parmi les quatre tournois du Grand Chelem.
L'option retenue, après moult propositions, a été de s'étendre sur le jardin des Serres d'Auteuil, classé au patrimoine, avec la construction d'un stade semi-enterré de 5000 places et des allées pour le public. Les permis de construire ont été délivrés en juin 2015, les travaux ont débuté, puis ont été arrêtés sur ordre de justice.
Un bras de fer se joue désormais entre la Fédération française de tennis (FFT) et les associations de protection de l'environnement et de riverains, qui ne veulent entendre parler ni d'une extension dans le jardin des Serres ni de la pose d'un toit.
- 'C'est interdit' -
"Pour ce toit, il faut surélever le court Chatrier du double de sa hauteur existante, et passer de 18 à 36 m à peu près, et ça c'est interdit dans le bois de Boulogne", assure à l'AFP Alexandre Gady, président de la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France (SPPEF).
"La FFT perd du temps en s'obstinant dans une mauvaise solution, grignoter le jardin, contraire aux règles de protection d'un jardin fragile et essentiel pour Paris", poursuit-il.
"C'est une des plus belles et plus importantes collections botaniques au monde. Comment justifier la construction d'un stade en béton de 5000 places, même enterré, même joliment fait ? Avec la fréquentation des gens qui vont entrer et sortir du stade, c'est l'exposer au piétinement de dizaines de milliers de personnes 15 jours par an".
Deux recours ont été déposés et la FFT a saisi le Conseil d'Etat sur l'un deux, qui doit statuer dans les semaines à venir.
"Je suis obligé de dire que le Conseil d'Etat, ça ne me rassure pas. C'est une cour de justice très paradoxale. Pour moi ce n'est pas très satisfaisant", reconnaît Alexandre Gady, sans désarmer: "Heureusement, il y a deux fers au feu dans cette affaire".
- Le bon projet -
Pour le nouveau directeur du tournoi, "il n'a jamais été question de casser les serres d'Auteuil".
"A l'arrière, il y a des toutes petites serres, des serres techniques, qui sont moches et sans aucun intérêt. Il y a le bâtiment des meulières que nous souhaitons restaurer, et où personne ne va. On veut donner la possibilité à des milliers de personnes de boire un verre en famille 10 jours par an, se prélasser. On va embellir ces endroits et planter plus d'une centaine d'arbres", plaide Guy Forget .
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a abondé dans ce sens et rappelé à ceux qui sont parfois "de mauvaise foi" que les serres font partie du patrimoine et que "nous n'y toucherons pas".
Le problème reste épineux et ne semble pas en passe d'être réglé.
"On a des recours sérieux, on a pris la plus grande avocate de l'environnement, on n'est pas des rigolos. Prendre le risque de commencer les travaux alors qu'ils n'ont pas eu le feu vert des tribunaux c'est un vrai risque", lance Alexandre Gady.
Le défenseur du patrimoine compte aussi sur la nouvelle équipe dirigeante qui sera mise en place à la FFT en février. En effet, Jean Gachassin, actuel président et artisan du projet d'extension, ne se représentera pas.
Selon Guy Forget , il n'y a pourtant aucune raison de penser que le projet actuel soit remis en cause.
"Aujourd'hui tous nos élus sont convaincus que le projet déposé est le bon, le plus respectueux de l'environnement, dans une vraie cohérence. Je ne vois pas pourquoi ils feraient un virage à 180 degrés", rétorque-t-il.