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L'Espagnole Garbiñe Muguruza a détrôné Serena Williams pour remporter son premier titre du Grand Chelem à Roland-Garros samedi (7-5, 6-4) à la façon de l'Américaine: en puissance et sans se poser de questions.
Certes la joueuse de 22 ans, née au Venezuela, est plus grande et bien moins musculeuse que la cadette des Williams, elle est aussi plus mobile sur le court, mais leurs styles de puncheuses, fondés sur de grands services et de grosses frappes du fond de court, se ressemblent. Leur attitude aussi.
Muguruza n'en était qu'à sa deuxième finale majeure, après celle de Wimbledon perdue l'été dernier, sans démériter, face à Serena. Elle n'avait à son palmarès que deux titres relativement mineurs (Hobart 2014 et Pékin 2015). Et pourtant la jeune Espagnole a refusé de laisser l'initiative à sa prestigieuse rivale. "Nous aimons toutes les deux dominer", avait-elle prévenu avant le match.
La N.4 mondiale (N.2 dès lundi) a frappé fort du fond du court en retour de service et sur ses deux engagements, quitte à commettre des doubles fautes (9), afin d'être aux commandes dans l'échange. Elle a montré aussi sa solidité mentale lorsqu'elle a conclu avec autorité sur sa mise en jeu, alors qu'elle avait manqué quatre balles de match au jeu précédent. Du Williams dans le texte.
Née à Caracas d'un père basque espagnol et d'une mère vénézuélienne, Muguruza est venue s'installer à l'âge de six ans à Barcelone pour y jouer au tennis dans l'académie de Sergi Bruguera . La capitale catalane, où elle allait rester quinze ans, est aussi la ville d'Arantxa Sanchez, la seule Espagnole à avoir gagné à Roland-Garros avant elle, à trois reprises (1989, 1994, 1998), dans un style défensif diamétralement opposé au sien.
"En Espagne, c'est notre tournoi du Grand Chelem préféré. Rafa (Nadal) a été champion tellement de fois ici. Le gagner face à l'une des meilleures joueuses de tous les temps, c'est encore plus beau", a-t-elle dit en recevant la coupe sur le Central.
- Avec un entraîneur français -
Depuis l'an passé, Muguruza a déménagé à Genève pour s'entraîner avec le Français Sam Sumyk, l'homme qui avait conduit Victoria Azarenka à la première place mondiale et à deux titres du Grand Chelem (Open d'Australie 2012 et 2013).
A Roland-Garros, elle en est à deux victoires à zéro contre Williams. C'est à Paris qu'elle s'était révélée au grand public en éliminant l'Américaine dès le deuxième tour en 2014.
Sa carrière a vraiment décollé à partir de l'été suivant. Finaliste à Wimbledon, victorieuse à Pékin et demi-finaliste du Masters, elle avait bondi de la 20e place à la WTA au top 4.
Son début de saison 2016 a pourtant été difficile. Elle jouait à Roland-Garros sa première finale de l'année et n'avait atteint sa première demie que mi-mai à Rome.
Sa victoire à Paris va faire de cette athlète longiligne d'1,82 m la dauphine de Williams au classement mondial. L'heure de la succession est peut-être proche vu l'âge de la souveraine, 34 ans.
Samedi, l'Américaine est apparue émoussée physiquement. Elle avait le désavantage par rapport à sa rivale d'avoir joué quatre jours d'affilée à cause des intempéries qui ont bouleversé le programme dans sa partie de tableau. Souffrait-elle des adducteurs, comme disaient des rumeurs la veille du match? La championne a déclaré qu'elle n'était "pas du genre à se trouver des excuses".
- Williams bloquée à 21 "Majeurs" -
Pour la troisième fois d'affilée, elle reste bloquée à 21 titres majeurs, un de moins que le record de Steffi Graf (pour l'ère Open, depuis 1968). A l'Open d'Australie, elle avait échoué contre toute attente contre l'Allemande Angelique Kerber en finale, et à l'US Open face à l'Italienne Roberta Vinci en demie.
Le duel avec Muguruza pourrait reprendre dans trois semaines à Wimbledon car, en l'absence (provisoire?) de Maria Sharapova , suspendue pour dopage, les deux cogneuses trouveront peu de rivales sur l'herbe anglaise qui convient à merveille à leur jeu.