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Le TGI de Paris a ordonné vendredi, en attendant un jugement sur le fond, la suspension des travaux engagés par la Fédération Française de Tennis pour son projet d'extension de Roland-Garros sur les "serres d'Auteuil", bataille de longue date des défenseurs de ces serres historiques.
Le TGI, saisi en référé par les héritières de l'architecte des serres Jean-Camille Formigé (1845-1926) au nom du "droit d'auteur", a ordonné vendredi la suspension des travaux, dans les 72 heures à compter de la signification de la décision, pour une durée maximum de trois mois, sous astreinte de 10.000 euros par infraction constatée, à raison d'une infraction maximum par jour.
"Il s'agit de préserver les lieux en l?état jusqu?à l?intervention du juge du fond", indique l'ordonnance du tribunal.
La FFT a en outre été condamnée à verser 2.000 euros au titre des frais de justice aux consorts Formigé.
Me Philippe Zagury, avocat des deux arrière-petites-filles de l'architecte, s'est réjoui auprès de l'AFP de cette décision "extrêmement rare en matière de protection d'une oeuvre d'architecte".
Pour la Fédération Française de Tennis qui a pris "acte" de l'ordonnance, "cette décision, qui participe malheureusement des aléas de tout projet d?aménagement architectural de grande envergure, était une éventualité à laquelle la Fédération Française de Tennis s?était préparée. La FFT a d?ores et déjà décidé de faire appel de cette décision".
En effet, "le projet de serres contemporaines autour du nouveau court de tennis dans un nouvel aménagement paysager prévu en lieu et place de simples serres techniques et d?espaces logistiques, est un hommage rendu à l??uvre de Jean-Camille Formigé, qu?en aucun cas il ne saurait dénaturer", affirme la FFT.
La bataille des "serres d'Auteuil" dans l'ouest de la capitale, est un conflit qui dure depuis l'annonce en 2011 par la FFT d'un projet de création d'un court de tennis de 5.000 places empiétant sur le jardin botanique d'Auteuil. Ce jardin, monument historique et classé au titre des sites, comprend des serres qui abritent des collections botaniques rares.
De nombreuses associations sont depuis vent debout contre le projet d'extension pour lequel le permis de construire a été délivré par la mairie de Paris le 9 juin.
Lise Bloch-Morhange, porte-parole du Comité de soutien des Serres d?Auteuil, s'est réjouie dans un communiqué de cette décision "très favorable à notre cause".
"Il peut se passer beaucoup de choses en trois mois, et nous espérons que la FFT comme la mairie de Paris voudront bien écouter enfin les associations qui préconisent depuis des années une solution alternative d?extension partielle sur l?autoroute A13", ajoute Mme Bloch-Morhange.
La "dénaturation du Jardin botanique des Serres d?Auteuil constituerait une atteinte patrimoniale aussi grave que la démolition des Halles de Baltard en 1971, Jean-Camille Formigé étant en son temps aussi célèbre que Baltard ou Eiffel", ajoute-t-elle.
La militante publie également une lettre du ténor Placido Domingo, président d'Europa Nostra, une association de défense du patrimoine européen, qui demande, hasard du calendrier, ce même jour de vendredi, la "suspension des travaux de démolition".
Pour Alexandre Gady, président du SPEFF (Société pour la protection du paysage et de l'esthétique de la France), partie prenante du référé, "c'est un signal envoyé, et pour nous très positif". "Toutes les règles ont été bafouées par les administrations dans ce dossier et enfin la justice dit +stop+", dit-il à l'AFP.
Agnès Popelin, vice-présidente de France Nature Environnement pour l'Ile-de-France, s'est déclarée "ravie. Le père Noël existe", a-t-elle lancé avant de s'étonner de "l'obstination qui frôle l'aveuglement" de la FFT refusant de considérer la solution de rechange proposée.
Mme Popelin a par ailleurs indiqué qu'elle allait annuler le référé qu'elle avait déposé avec d'autres associations qui demandaient elles aussi la suspension des travaux.