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L'âge, le physique, le style de jeu, le caractère: tout oppose Richard Gasquet et Nick Kyrgios , qui s'affrontent vendredi dans le choc du troisième tour de Roland-Garros.
LES HOMMES
A 21 ans, Kyrgios, Australien d'origine grecque par son père et malaisienne par sa mère, s'est déjà taillé une solide réputation de mauvais coucheur. On ne compte plus les cibles de ses excès de bile: les arbitres, ses adversaires et même les petits ramasseurs de balles de Roland-Garros. Au premier tour, il a reçu un avertissement pour en avoir grondé un qui ne lui apportait pas assez vite sa serviette ! Sa plus célèbre vacherie, c'est Stan Wawrinka qui l'a prise en pleine figure au tournoi de Montréal en août 2015, lors d'un changement de côté: "Kokkinakis (autre joueur australien) a b... ta copine. Désolé de te l'apprendre". Scandale dans le monde policé du tennis ! Contre Gasquet, il n'y aura probablement pas d'accrochage. "Un gentil garçon", a dit le Français de son adversaire. "Nice guy", le terme est parfaitement choisi... pour Gasquet. Jamais en colère, toujours respectueux, toujours modeste, autant de qualités qui se retournent contre lui: il n'aurait pas une mentalité de champion.
LES JOUEURS
La force contre la finesse. Le tennis de Kyrgios, c'est un peu tout ou rien. L'échine courbée, il canarde au service du haut de ses 193 cm, puis avec son gros coup droit, pour essayer d'abréger l'échange. Personne n'aurait eu l'idée de le surnommer le "petit Mozart" du tennis. Son style, ce serait plutôt le heavy metal. Gare à la caricature toutefois ! Le "Kid de Canberra" a une bonne main, et il a progressé sur terre battue, preuve qu'il sait aussi tenir la balle dans le court. Gasquet est moins grand (1,85 m quand même) et bien moins baraqué, mais sur le court, c'est la technique, la précision, la grâce parfois, un certain manque de puissance aussi et un tempérament un brin trop prudent. Son revers à une main (à deux pour Kyrgios) est une merveille. Les deux joueurs ont bien un point commun : la précocité et l'énormité de l'attente qu'ils ont suscitées. L'enfant de Sérignan n'avait pas dix ans qu'on lui prédisait déjà un avenir de star. A tel point que, malgré treize titres sur toutes les surfaces, trois demi-finales de Grand Chelem et dix ans passés entre la 7e et la 20e place mondiale (à l'exception de quelques reculs temporaires), on dit souvent que le bientôt trentenaire (le 18 juin) n'est pas allé au bout de son destin. De Kyrgios, 19e mondial, on espère qu'il succèdera à Lleyton Hewitt , dernier Australien vainqueur en Grand Chelem, et au-delà, à la grande lignée des Laver, Rosewall et Newcombe. Sera-t-il à la hauteur ?
LES PRÉCÉDENTS
Sur le circuit depuis trois ans seulement, Kyrgios a déjà croisé Gasquet six fois. "Je suis sûrement l'un des gars qu'il a le plus joué !", remarque le Français. A chaque fois ou presque, cela a fait des étincelles. A leur deuxième rendez-vous, à Wimbledon en 2014, l'Australien l'emportait 10-8 au cinquième set, après avoir sauvé neuf balles de match, en route vers son premier quart de finale en Grand Chelem. Le bilan est favorable au Français (4-2, 1-0 sur terre battue) mais c'est l'Australien qui a gagné leur dernier match en février, devant le public français, à Marseille. Une raclée 6-0, 6-4. Il y a de la revanche dans l'air.