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Novak Djokovic n'est plus qu'à un match de boucler le "Grand Chelem sur deux ans", c'est-à-dire de détenir les quatre tournois majeurs en même temps, dimanche en finale de Roland-Garros contre Andy Murray (à partir de 15H00), un accomplissement rarissime qui le ferait encore grimper dans la hiérarchie des grands.
Victorieux à Wimbledon et à l'US Open l'an passé, puis à l'Open d'Australie en début de saison, le Serbe rejoindrait dans l'histoire l'Américain Donald Budge (1938) et l'Australien Rod Laver (1962, 1969). Mais ces deux-là avaient réussi le vrai Grand Chelem en remportant les quatre monuments la même année. Il dépasserait Laver (et Bjorn Borg) au nombre des trophées avec douze.
En réussissant cet exploit, aux portes duquel Roger Federer était resté en 2006 et 2007, en finale à Paris déjà, Djokovic atteindrait évidemment, du même coup, un autre sommet du tennis, le "Grand Chelem en carrière". Ils sont sept à avoir les quatre "majors" à leur palmarès: Budge et Laver bien sûr plus Fred Perry , Roy Emerson , Andre Agassi , Roger Federer et Rafael Nadal .
Plusieurs autres en sont restés à trois levées et Roland-Garros a souvent été la pièce manquante: pour Jimmy Connors , Stefan Edberg , Pete Sampras mais aussi son entraîneur Boris Becker . Federer s'y était repris à quatre fois avant de s'agenouiller enfin sur la terre battue parisienne en 2009.
La répétition des tentatives ne fait qu'ajouter à la pression colossale qui pèse sur les épaules de Djokovic. S'il l'emporte dimanche, jamais personne n'aura attendu aussi longtemps, douze participations, pour soulever enfin la Coupe des Mousquetaires. Federer avait perdu trois finales avant de gagner à son onzième essai.
En 2011 et 2014, le Serbe avait été vaincu par le roi de la terre battue, Rafael Nadal . Mais en 2015 il semblait promis au titre après avoir enfin terrassé l'Espagnol en quart. Hélas, il s'était bloqué en finale, n'osant plus prendre assez de risques - c'est son péché mignon - alors que Stan Wawrinka jouait le tout pour le tout. Djokovic sait qu'il devra cette fois aller chercher la victoire au lieu d'attendre qu'elle lui tombe dans les mains.
- Pas joué d'avance -
Il le faudra bien car le pronostic pour dimanche n'est plus aussi facile à établir depuis le 15 mai et la finale de Rome. Battu douze fois en treize matches par le N.1 mondial depuis 2012, Murray a enfin desserré l'emprise du Serbe en le dominant (6-3, 6-3) au Foro Italico. C'était la première fois qu'il le domptait sur terre battue après quatre échecs, dont un en demi-finale de Roland-Garros en 2015 (cinq sets).
Cela ne fait pas de l'Ecossais le favori. Le bilan des face-à-face reste très favorable à Djokovic (23 à 10), même si celui des finales est nettement plus serré: 9 à 7, dont 4 à 2 en finale de Grand Chelem, Melbourne ayant été le cadre de toutes les défaites de Murray, vainqueur à l'US Open en 2012 et à Wimbledon en 2013. Mais au moins tout ne paraît pas joué d'avance comme au dernier Open d'Australie, enlevé par le Serbe en trois sets.
En conséquence, les légers bâillements suscités parfois par cette affiche récurrente entre deux joueurs trop ressemblants - c'est le deuxième "tube" le plus souvent joué en finale de Grand Chelem (7 fois), à égalité avec les Djokovic-Nadal, derrière les fameux Federer-Nadal (8) - ne sont pas de mise cette fois-ci.
De leur parcours jusqu'à la finale, on ne peut guère tirer d'enseignements, si ce n'est que les deux champions sont en grande forme. Les victoires de Murray sur Richard Gasquet (en quart) et Stan Wawrinka (en demie) ont fait oublier son début de tournoi poussif (dix sets pour battre Radek Stepanek et l'inconnu Français Mathias Bourgue). Quand à Djokovic, il n'a perdu qu'une manche, sous la pluie, contre l'Espagnol Roberto Bautista.