Happy Birthday : |
Lleyton Hewitt , ex-N.1 mondial, et 14 seconds couteaux: un blog spécialisé a publié une liste de 15 joueurs aux résultats supposés "suspects", sur fond d'allégations de matchs truqués, ce que l'Australien a qualifié jeudi de "farce absolue".
La BBC et le site BuzzFeed avaient affirmé dimanche, sans les nommer, que seize joueurs étaient susceptibles d'être impliqués dans des matchs truqués au cours de la dernière décennie.
Ces accusations, lancées juste avant le début de l'Open d'Australie où huit de ces joueurs seraient présents, ont provoqué un scandale dans le tennis mondial, visé depuis des années par des soupçons de paris truqués. Mais nombre de joueurs ont reproché aux deux médias de ne pas publier les noms en question.
Finalement c'est un blog de données sportives, Show Legend, qui s'en est chargé, tout en prenant de la distance avec la méthodologie statistique qui a permis d'aboutir à cette liste: "Nous voulons seulement révéler les vrais noms" concernés par les accusations de la BBC et de BuzzFeed, mais "nous ne voulons pas sous-entendre que ces joueurs sont impliqués dans des matchs truqués".
"C'est tout simplement absurde. Jeter mon nom au milieu de tout ça est une farce absolue", a réagi Hewitt jeudi en conférence de presse après sa défaite contre David Ferrer pour le dernier match de sa carrière, à Melbourne.
- Statistiques -
Les quinze noms auxquels Show Legend a abouti sont moins ronflants que ceux que semblaient promettre la BBC et BuzzFeed en mettant en cause "seize joueurs du Top 50 mondial, (dont) des vainqueurs en Grand Chelem".
Parmi eux, Hewitt (victorieux à l'US Open en 2001 et Wimbledon en 2002) est le seul à avoir gagné un Grand Chelem en simple. Les deux autres vainqueurs de Grand Chelem ont été titrés en double: l'Australien Matthew Ebden en double mixte à l'Open d'Australie 2013 et le Croate Ivan Dodig en double messieurs à Roland-Garros 2015.
L'Argentin Juan Ignacio Chela et le Serbe Janko Tipsarevic sont connus des amateurs de tennis, mais les dix autres joueurs sont des quasi-inconnus, hormis des spécialistes.
La BBC et BuzzFeed, qui ont affirmé avoir eu accès à des documents d'enquête confidentiels sur les matchs truqués, sont arrivés au chiffre de seize joueurs "suspects" en analysant et recoupant pendant 15 mois les résultats de 26.000 matchs entre 2009 et 2015.
Cela leur a permis d'isoler un certain nombre de matchs sur lesquels les cotes des bookmakers (les sociétés qui prennent les paris) avaient fortement évolué dans les dernières heures, laissant ainsi supposer selon eux la possibilité de matchs truqués.
Mais si ces données statistiques mettent en évidence des résultats inattendus pour ces seize joueurs, elles n'apportent pas la preuve formelle que les matchs en question ont été truqués, comme l'ont reconnu eux-mêmes la BBC et Buzzfeed. C'est pourquoi ces deux médias ont décidé de ne pas publier les seize noms, faute de détenir des preuves comme "des conversations téléphoniques, des relevés de banque et des enregistrements informatiques", selon la BBC.
"Sans avoir accès à ces informations, il est impossible de savoir avec certitude si ces comportements suspects sont effectivement la conséquence de matchs truqués", a souligné BuzzFeed.
- 'Plus grave' que le dopage -
Pour autant, au-delà du cas de ces seize joueurs, il n'en reste pas moins que les paris truqués sont un problème réel dans le tennis, comme l'a rappelé jeudi le Français Fabrice Santoro .
"Je me souviens, il y a sept, huit ans, avoir été voir les instances du tennis mondial, l'ATP, et je leur avais dit: +on parle beaucoup de dopage, mais vous devriez aussi vous concentrer sur les paris+", a déclaré l'ancien joueur à la chaîne beIN Sports 1.
Le problème des matchs truqués est "plus grave encore" que le dopage, a poursuivi le Français, en assurant avoir été lui aussi "approché à plusieurs reprises en fin de carrière par des inconnus", pour perdre des matchs.
De son côté, Chris Eaton, expert au Centre international pour la sécurité du sport à Doha, a expliqué à l'AFP que les matchs truqués dans le tennis concernaient surtout les tournois de niveau inférieur, où les joueurs sont beaucoup moins bien payés et donc plus exposés à la corruption.
"Au deuxième niveau ou plus bas, les indices de trucage de matchs sont lourds et fréquents", a affirmé cet ancien responsable de la sécurité à la FIFA.