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Alors que l'édition 2016 de Roland-Garros débute dans moins de trois semaines, des perquisitions menées mardi dans les locaux de la Fédération française et au domicile de son président Jean Gachassin lézardent la façade du tennis français, déjà embourbé dans le chantier d'extension du tournoi.
Sur quoi porte l'enquête?
Des soupçons de "détournements de biens" et de "trafic d'influence" sont à l'origine des perquisitions menées par les enquêteurs de l'office anticorruption de la direction centrale de la police judiciaire (OCLCIFF) au siège de la Fédération (FFT), au domicile de son président Jean Gachassin et dans une agence de voyages de Tarbes (Hautes-Pyrénées).
Plus précisément, le parquet national financier (PNF), qui chapeaute les investigations, a précisé travailler sur deux pistes: l'existence présumée "d'un système de revente occulte de billets à l'occasion des Internationaux de France" et les "conditions du marché de la rénovation et de l'agrandissement du stade Roland-Garros".
L'enquête avait été initiée après réception d'une lettre de dénonciation en 2015. Le ministère des Sports s'était saisi du dossier, avant que le PNF ne s'y intéresse.
"Les opérations menées ont permis de saisir des documents utiles à l?enquête", a indiqué le PNF mardi. A ce jour, la fédération n'a pas été convoquée devant les enquêteurs.
Quid de Jean Gachassin?
L'ancien joueur de l'équipe de France de rugby dans les années soixante -et ex-bon joueur de tennis amateur- est président de la FFT depuis 2009. Le 17 février, le Canard enchaîné avait publié un article sur des dérapages présumés de M. Gachassin, accusé notamment d'avoir cédé des billets de Roland-Garros à prix coûtant à un ami, agent de voyage dans son Sud-Ouest natal, qui les aurait revendus au moins cinq fois plus cher.
Ces éléments avaient précédemment conduit le ministère des Sports à diligenter une enquête administrative dès septembre 2015, dont le rapport doit, selon le Journal du dimanche, être remis au ministre Patrick Kanner avant le début de Roland-Garros le 22 mai.
"La Fédération a fait un important travail depuis une dizaine d'années pour limiter le problème du trafic de billets et le marché noir", notamment à travers la mise en place de la billetterie dématérialisée et nominative, a assuré à l'AFP Me Eric Andrieu, avocat de la FFT.
Par ailleurs, outre l'affaire de la revente présumée des billets, le Canard enchaîné pointait du doigt une rencontre entre M. Gachassin et un collaborateur de Vinci, l'un des trois groupes en lice pour réaliser l'extension de Roland-Garros, en plein appel d'offres. Vinci a finalement été désigné.
Quels enjeux?
En terme d'image, les conséquences sont préjudiciables pour la puissante FFT - deuxième fédération de l'Hexagone avec 1,1 million de licenciés, derrière celle de foot - qui espérait avoir rompu avec l'époque de Christian Bîmes, son ex-président pendant seize ans (1993-2009), condamné pour prise illégale d'intérêts après son dernier mandat.
Proche de Bîmes, avant de prendre ses distances, le jovial Jean Gachassin avait alors bénéficié d'un capital de sympathie plus élevé que son prédécesseur lors de son élection. "Ils ne savent pas ce que c'est qu'une troisième mi-temps et on va leur apprendre", avait alors lancé à propos de son deuxième sport de coeur l'ancien international de rugby, qui ne briguera pas de troisième mandat en février 2017.
Cette affaire pourrait donner encore davantage de pain sur la planche à son successeur, qui sera déjà bien occupé par le dossier d'extension de Roland-Garros, enlisé par les recours de défenseurs des Serres d'Auteuil. Il s'agira aussi sans doute de redorer le bilan sportif de la France, en quête d'une première Coupe Davis depuis 2001 et d'un héritier à Yannick Noah , dernier vainqueur français d'un tournoi du Grand Chelem - chez les messieurs - à Roland-Garros en 1983.
La mission s'annonce ardue dans une période où l'image du tennis, au niveau mondial, est écornée par le scandale des matches truqués et la suspension pour dopage de la star russe Maria Sharapova .