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Amputé de la jambe gauche après un accident de moto, Stéphane Houdet a surmonté son handicap pour devenir champion de tennis handisport. Ex-N.1, il espère retrouver le sommet mondial grâce à un fauteuil "révolutionnaire" améliorant sa motricité et sa puissance.
Avec ce prototype, qu'il étrennera mercredi lors du tournoi du Gauteng à Johannesburg, le Français de 44 ans a l'impression de retrouver les sensations ressenties lorsqu'il était enfant et encore valide.
Au lieu de jouer assis, comme la majorité de ses adversaires, le lauréat de Roland-Garros (2012 et 2013) et de l'US Open (2013) jouera à genou, une position qui lui permettra de gagner en force, allonge et vitesse, lui qui se décrit comme "le moins rapide du Top 10".
"C'est une révolution pour le tennis en fauteuil. Cela permettra de mieux jouer sur herbe parce que cela favorise un jeu plus offensif et donne davantage d'envergure au filet", souligne le natif de Saint-Nazaire.
Un jour, il l'espère, le prototype sera "peut-être décliné pour les usages de la vie quotidienne". En attendant, il doit lui permettre de gagner d'autres tournois et de ravir la place de N.1 mondial au Japonais Shingo Kunieda avec lequel il a remporté toutes les levées du Grand Chelem en double.
- L'amputation, un 'cadeau de Noël' -
Également médaillé d'or aux jeux Paralympiques de Pékin en 2008 en double, Houdet a tout du champion de tennis comme les autres. Il voyage - 23 semaines par an -, a son propre équipementier en textile, joue avec la même raquette que Rafael Nadal , s'entraîne à Roland-Garros...
Les observateurs noteront peut-être qu'il porte des gants, gardés de sa période de golfeur. Car avant de retrouver le tennis, "un rêve de gamin", Houdet a réalisé des performances sur les greens des tournois handisport.
C'est là qu'il a rencontré en 2003 l'ancienne gloire du football Johan Cruyff, dont la fondation soutient les programmes de sport pour les enfants handicapés, et qui lui conseilla de se mettre au tennis en fauteuil.
En 2004, ce père de quatre enfants (deux paires de jumeaux) prend la décision de se faire amputer de la jambe gauche et va progressivement lâcher son club pour se consacrer à sa raquette. "Mon amputation, c'était un cadeau de Noël parce que cela s'est passé le 28 décembre et que cela a changé ma motricité", confie-t-il.
"J'ai perdu un membre mort, une béquille qui me gênait, pour la remplacer par un élément prothétique et électronique juste fantastique qui me redonne une démarche", ajoute cet éternel optimiste.
- 'Rien senti' -
Son côté positif, ce vétérinaire de formation le met aujourd'hui au service des autres en aidant des militaires blessés à se reconstruire comme il avait dû le faire lui-même il y a près de vingt ans.
En 1996, lors d'un périple à moto en Autriche pour célébrer sa collaboration avec un autre vétérinaire, Houdet dépasse une voiture qui ne le voit pas et se déporte au même moment : "Je suis resté bloqué sur la file de gauche et j'ai touché la voiture qui arrivait en face. Sur le moment, je n'ai rien senti. J'ai pensé que mon sac avait touché. En fait, c'était ma jambe."
Un drame aujourd'hui derrière lui grâce à la "magie" opérée par sa prothèse et au plaisir pris sur les courts. Après sa médaille d'or à Pékin, son associé était venu le voir et avait eu "cette réflexion qui clôt bien l'histoire", selon Houdet.
"Il m'a dit : +Ton discours positif, j'avais du mal à m'en imprégner. Mais sans ton accident, tu serais encore avec moi à faire des césariennes de vaches la nuit dans le +trou du cul+ de la France. Au lieu de ça, tu t'amuses à faire le tour du monde et à jouer au tennis.+" Et l'aventure continue.