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Yannick Noah , de retour à la tête de l'équipe de France, est-il capable de dompter la génération Tsonga-Gasquet-Monfils-Simon pour permettre aux Bleus de reconquérir la Coupe Davis qui leur échappe depuis 2001?
Deux anciens capitaines, Jean-Paul Loth (1973 puis 1980-1987) et George Goven (1993 et 1994), ainsi qu'un ancien joueur, Guillaume Raoux , vainqueur du Saladier d'argent en 1996 sous la direction de Noah, se sont exprimés sur le sujet auprès de l'AFP.
Remplacer Arnaud Clément par Noah, un bon choix?
Pour Goven, le lauréat de Roland-Garros 1983 est capable "d'apporter le petit coup de pouce qui manque". Même si Clément, évincé du capitanat au profit de Noah, "n'a pas démérité", il a en face de lui "un monstre du tennis français", qui a pour lui "la réussite" et conserve "de grandes qualités dans la gestion d'un groupe". Selon Loth, il est la personne qui peut mener l'équipe de France "le mieux possible". "C'est un ancien joueur de haut niveau, il a été déjà deux fois capitaine avec de la réussite et lorsqu'il s'engage, il le fait à fond", ajoute-t-il. "On est malheureusement dans un système où il faut l'aval des joueurs pour continuer. Si les joueurs ont envie de changer (de capitaine), on est obligé de le faire", souligne pour sa part Raoux.
Sa rigueur peut-elle fonctionner avec cette génération?
"Il faut qu'il y ait une autorité. Cela a manqué. Il est apparu que les joueurs avaient pas mal de pouvoir décisionnaire, par exemple sur le choix de la surface ou sur le fait de jouer ou pas. L'influence du capitaine (Clément) n'était pas celle que l'on espérait. Quand les choses tournent ainsi, cela ne peut pas fonctionner", estime Loth. En cas de "dissensions", Noah saura "fédérer les joueurs" et les "sublimer le jour J", assure Goven. Raoux est lui plus nuancé: "Il a tous les ingrédients mais encore faut-il que la mayonnaise prenne avec des joueurs différents et dans un environnement qui a beaucoup changé." Les Bleus ont évolué au rythme de la société "beaucoup plus individualiste", estime-t-il. "A l'époque des succès de Yannick (1991, 1996), c'était +l'équipe d'abord+. Les joueurs n'ont pas forcément cette vision aujourd'hui", ajoute Raoux.
La différence d'âge est-elle un problème ?
Yannick Noah a 55 ans. Clément a lui 37 ans. Faut-il être plus proche des joueurs en âge pour mieux faire passer des messages? Pour Raoux, c'est mieux "d'être plus éloigné en âge que trop proche" avec cette génération. "Ce dont a souffert Arnaud, c'est qu'il était pote avec tous ces gars. Et c'est terrible de devoir manager ses copains", ajoute-t-il. Pourtant, Noah n'était-il pas lui aussi ami avec Henri Leconte et Guy Forget lors du sacre en 1991? "Oui mais, c'est Yann. Sa force, c'est qu'il n'a pas d'état d'âme. Il n'hésite pas à dire les choses et à être dur, comme avec Fabrice Santoro (en 1991) par exemple", répond Raoux. Cette intransigeance peut aussi être "à double tranchant" et peut "l'amener à prendre de mauvaises décisions sur un coup de tête", fait valoir Raoux.
Noah est-il resté trop déconnecté du tennis?
Dix-sept années se sont écoulées entre la fin du deuxième capitanat de Noah et son retour cette année. Durant cette période, il a surtout privilégié sa carrière de chanteur. Est-ce un problème? "Non, parce qu'il sait manager et qu'il connaît le tennis, répond Raoux. Il sait aussi bien s'entourer et saura choisir des gens qui connaissent le circuit par c?ur." Goven abonde: "Il conseille Lucas Pouille (depuis Roland-Garros 2015) et a aussi passé du temps avec Richard (Gasquet, en 2007). Même s'il n'entraîne pas, il regarde et continue de suivre. Il est resté beaucoup plus proche du tennis qu'on ne le pense."