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Yannick Noah "a le talent pour entrer dans l'esprit des gens" et leur donner confiance mais "n'est pas un magicien", a expliqué à l'AFP Patrice Hagelauer, joint au téléphone à Paris par l'AFP, qui fut l'entraîneur de Noah et de l'équipe de France.
Pour reconquérir le Saladier d'argent, les Bleus, qui débutent la campagne 2016 contre le Canada en Guadeloupe à partir de vendredi, devront avant tout être capables "de se libérer", selon celui qui entraînait Noah lors de son triomphe à Roland-Garros en 1983 et pendant longtemps l'équipe de France, notamment lors de son exploit en finale de Coupe Davis en 1991 à Lyon.
Q: Quelle est la plus grande qualité de Yannick Noah en tant que capitaine ?
R: "Il sait s'adapter aux gens. Le plus bel exemple de cela, c'est ce qu'il a réussi à faire avec les filles en 1997 (victoire en Fed Cup). Il ne les connaissait pas très bien mais il a su trouver le bon discours. Il parlait même plus en anglais qu'en français avec Mary Pierce (qui a grandi aux États-Unis), car le message passait mieux. Yannick a le talent pour entrer dans l'esprit des gens. Il donne confiance. Mais pour lui, la confiance arrive aussi quand on est bien préparé. C'est pour cela qu'il aime organiser de longs stages où l'on travaille dur en amont de la compétition."
Q: A quoi lui servent ces périodes de préparation ?
R: "Il n'a jamais été un technicien. Ce n'est pas son truc de dire comment lancer la balle plus haut ou comment frapper un coup droit. L'important, c'est d'être avec les joueurs, de discuter avec eux et d'observer leur attitude à chaque seconde. Pour lui, si on joue avec son corps, on gagne avant tout avec son c?ur. Il travaille beaucoup avec les joueurs pour éliminer les émotions négatives. Il fait en sorte de renforcer leur estime d'eux-mêmes. Il a en lui une sorte de force de conviction. Son discours est très fort et je pense que c'est ce qu'attendent les joueurs."
Q: C'est suffisant pour reconquérir la Coupe Davis ?
R: "Attention, Yannick n'est pas un magicien. Il pousse les gens à leur maximum mais ne les transforme pas non plus. Il va falloir que les joueurs se libèrent. J'ai confiance car je l'ai déjà vu libérer des joueurs très crispés. Après, c'est trop facile de critiquer cette génération ( Jo-Wilfried Tsonga , Richard Gasquet , Gaël Monfils, Gilles Simon ). Moi, je la trouve formidable. Les précédents joueurs comme Thierry Tulasne , Cédric Pioline ou Arnaud Boetsch avaient aussi de l'égo. Il faut seulement aller vers eux et bien les comprendre."
Propos recueillis au téléphone à Paris par Ludovic LUPPINO