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La France s'est inclinée devant une équipe de Suisse indéniablement supérieure en finale de la Coupe Davis, dimanche à Villeneuve d'Ascq, mais elle n'a sans doute pas géré de manière idéale l'approche de ce rendez-vous si cher à ses yeux.
Les Bleus le voulaient tant ce Saladier d'argent. Trop peut-être ! La quête d'une dixième Coupe Davis a tellement viré à l'obsession ces dernières semaines que cela s'est retourné contre eux. Quoi qu'ils en disent.
Certes, avec les N.2 et N.4 mondiaux, Roger Federer et Stan Wawrinka , la Suisse était difficile à accrocher. Certes, la France a joué de malchance, avec la blessure au bras droit de son N.1 Jo-Wilfried Tsonga .
Mais c'est sa troisième défaite de suite en finale de la Coupe Davis, après celles contre l'Australie en 1999 à Nice et la Russie en 2002 à Paris. Et ça ne peut pas être tout à fait un hasard.
La Coupe Davis est une épreuve mythique dans l'Hexagone depuis la victoire des protégés de Yannick Noah en 1991 à Lyon, prélude aux succès des sports collectifs français ces deux dernières décennies.
Mais depuis cet exploit monumental, le tennis français n'a plus été capable de s'affranchir du poids des attentes accompagnant une finale sur le sol national.
Les deux succès suivants ont été acquis à l'étranger, en Suède en 1996 et en Australie en 2001. Et pour ces deux aventures, les Bleus n'avaient rien à perdre, n'étant absolument pas favoris.
- La pression a pris le dessus -
On ne peut reprocher à Gaël Monfils, Richard Gasquet , Julien Benneteau , Gilles Simon et Tsonga un manque d'envie. Ils étaient entièrement dévoués à cet objectif.
Lassés de ne pouvoir décrocher un titre en Grand Chelem, qui échappe aux Français depuis 31 ans, ils avaient fait cette année de la Coupe Davis leur priorité.
Quatre ans après leur échec à Belgrade, en finale contre la Serbie, leur heure semblait avoir enfin sonné. Mais, pas aidés par leur entourage, ils ont laissé la pression prendre le dessus.
Arnaud Clément ne le voit pas ainsi. "Je pense que nous avons quasiment tout bien fait dans notre préparation, dans l'approche des matches, dans la manière d'appréhender cette finale", a-t-il estimé.
"Après, bien sûr, je dois me poser des questions et essayer d'être meilleur éventuellement dans le futur", a cependant admis le capitaine tricolore.
Tout au long de la semaine, les Suisses, plus habitués à de tels matches, sont apparus plus décontractés. Les rires ont souvent résonné dans leur camp, malgré les doutes concernant la santé de Federer, blessé au dos.
"Les Français ne pensaient qu'à ça depuis deux mois. Ils ont trop misé là-dessus. Ils m'ont donné l'impression d'arriver avec un sac rempli de plomb", a déclaré à l'AFP l'ancien capitaine suisse Marc Rosset .
- Les Suisses plus 'pragmatiques' -
"Roger et Stan ont été plus pragmatiques en prenant les échéances les unes après les autres", a-t-il ajouté.
Coté français, l'envie de gagner a trop occulté le plaisir de jouer. Dès le tirage au sort jeudi, Tsonga et Gasquet avaient le masque.
Seul Monfils, avec son habituelle insouciance, avait l'air de profiter pleinement du moment. Ce qui explique probablement qu'il soit le seul à ne pas avoir déçu ce week-end.
Avant cette finale, Tsonga avait avoué en avoir "peur". Parfois saine, la peur peut aussi paralyser. C'est ce qui lui est arrivé vendredi, lors d'un premier set désastreux contre Wawrinka.
Même Monfils n'a pas totalement échappé à cette tension. Eblouissant devant Federer vendredi, il avait déclaré "ne pas avoir envie" de revenir sur le court pour un éventuel cinquième match décisif.
En délaissant très tôt le circuit ATP pour se concentrer exclusivement sur cette finale, avec une longue préparation de deux semaines, les Bleus ont perdu leur pari.
Et le choix par la Fédération du stade Pierre-Mauroy, avec son affluence record de plus de 27.000 personnes par jour, n'a fait qu'accentuer leur sentiment de responsabilité.