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Le procès de sept supporteurs du SC Bastia, soupçonnés de violences contre des policiers à l'occasion d'un match de football de L1 à Reims le 13 février, a débuté mardi par une demande de renvoi des avocats de la défense, selon qui l'enquête doit être étoffée.
Lors des heurts, un jeune supporter bastiais, Maxime Beux, avait été gravement blessé à l'oeil, ce qui avait provoqué des manifestations très tendues en Corse les jours suivants.
Devant une salle comble du Palais de justice de la capitale champenoise, les sept prévenus, âgés de 21 à 28 ans, se sont avancés à la barre vers 15H15 à l'ouverture de leur procès.
Leurs trois avocats ont demandé le renvoi du procès et la saisie d'un juge d'instruction afin d'étoffer l'enquête qui leur paraît en l'état partiale et incomplète.
L'un d'eux, Me Mathieu Fabiani, a souligné l'absence au procès de deux des principaux policiers accusateurs, dont l'un est selon lui l'auteur du tir de flash-ball contre Maxime Beux.
"Il y a des caméras de commerçants qui sont aujourd'hui exploitables (et n'ont pas encore été visionnées, ndlr), peut-être vont-elles sauver ces jeunes gens", a affirmé Me Jean-Yves Lienard, avocat de plusieurs autres prévenus.
"Ca ne gêne personne que les chefs (de la police) se fassent couvrir par les témoignages des subordonnés, qui eux-mêmes se font couvrir par les témoignages des chefs", a dénoncé pour sa part Me Jean-André Albertini.
La présidente Charlène Rat a ensuite indiqué qu'elle souhaitait que les pièces actuellement au dossier soient discutées au procès avant que le tribunal ne statue.
L'audience se déroulait dans une ambiance calme. Malgré l'affirmation lundi par une source aéroportuaire que quelque 150 supporters bastiais étaient partis pour Reims lundi soir, aucune présence massive de supporters n'a été notée par des journalistes de l'AFP. En revanche, un nombre accru de policiers se trouvait à l'intérieur du palais de justice.
Sans casier, les prévenus avaient été placés sous contrôle judiciaire après leur garde à vue.
Le parquet de Reims avait distingué trois séquences.
D'abord avant le match, où une vingtaine de supporteurs auraient lancé des engins incendiaires en ville. Ensuite dans l'enceinte du stade Delaune, selon l'accusation: "insultes" aux forces de l'ordre, découverte dans les toilettes d'un tag signé du groupe de supporters "Bastia 1905" rappelant l'assassinat du préfet Érignac, abattu à Ajaccio en 1998. Puis à l'issue de la rencontre, en centre-ville, lorsqu'une dizaine de fans auraient commencé à lancer des fumigènes contre les policiers.
- 'Des propos odieux' -
C'est lors de ces heurts que Maxime Beux a perdu l'usage d'un ?il dans des circonstances restant à déterminer. Selon le parquet, il s'était blessé en tombant sur un poteau alors qu'il tentait d'échapper aux policiers lancés à ses trousses. Une version mise en doute par des témoins et les dirigeants corses Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni (nationalistes), le premier affirmant que le jeune homme avait été blessé par un tir de Flash-Ball, le second condamnant "des comportements provocateurs et brutaux (...) des forces de l'ordre".
Les incidents survenus à Reims avaient suscité de la colère en Corse, où plusieurs manifestations et rassemblements avaient dégénéré, s'achevant le 21 février par le défilé, sans incident, de plusieurs milliers de personnes à Bastia.
Interpellé à Reims en même temps que les fauteurs de troubles, Maxime Beux ne figure pas parmi les prévenus. Une information judiciaire contre X a été ouverte le 17 février pour "violences volontaires ayant entraîné une incapacité de travail supérieure à huit jours" et l'IGPN saisie.
"Depuis plus d'un mois, nous n'avons toujours aucun écho de ce qui se passe pour le fonctionnaire au flash-Ball et la fine équipe de la BAC (brigade anti-criminalité) qui s'est défoulée sur des supporters", a dénoncé lundi le secrétaire général du SC Bastia Antonio Agostini, présent à Reims.
Les sept supporters, eux, ont également porté plainte contre X le 19 février auprès du parquet de Reims pour "violences aggravées".