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Une confrontation avec Mathieu Valbuena ? Pas nécessaire, a tranché la justice, refusant d'accéder à la demande de Karim Benzema , mis en examen dans l'affaire de chantage à la sex-tape qui empoisonne l'équipe de France de football à cinq mois de l'Euro-2016.
Cette demande de confrontation, formulée par l'avocat du footballeur du Real Madrid, Alain Jakubowicz, a été refusée le 22 décembre, a appris lundi l'AFP auprès du parquet de Versailles.
La juge d'instruction versaillaise Nathalie Boutard considère que cela n'apporterait rien de nouveau, étant donné que "les positions de chacun sont figées en l'état" et qu'"une confrontation ne pourra pas remettre en cause les positions de chacun", a résumé l'avocat, interrogé par l'AFP. Il n'a pas fait appel.
Cette décision a toutefois surpris les conseils de Benzema pour qui "se pose dès lors la question du maintien du contrôle judiciaire" lui interdisant d'entrer en contact avec Valbuena, y compris sur le terrain.
Une demande de levée du contrôle judiciaire pourrait constituer l'une des prochaines étapes de la défense de l'attaquant. "C'est dans le champ des possibles", a glissé l'avocat.
L'avant-centre du Real a été mis en examen le 5 novembre pour "complicité de tentative de chantage" à l'encontre de Valbuena et "participation à une association de malfaiteurs", des infractions passibles de cinq ans d'emprisonnement.
Cette affaire tombe mal avant l'Euro-2016, organisé en France (10 juin-10 juillet). Sans attendre la fin de l'enquête, la Fédération française de football (FFF) a décidé en décembre que Benzema ne serait "plus sélectionnable" si son dossier judiciaire n'évolue pas. La demande de confrontation aurait pu constituer "l'un des leviers pour lever ce contrôle judiciaire" et donc faire évoluer le dossier, avait alors estimé Me Jakubowicz.
Sauf rebondissement, les Bleus vont donc préparer et jouer la compétition à domicile sans leur attaquant vedette.
- 'Des choses à se dire' -
Au coeur de l'enquête, une vidéo intime subtilisée sur un portable de Valbuena par un maître-chanteur, sujet d'une conversation entre les deux joueurs, le 5 octobre, au centre d'entraînement des Bleus à Clairefontaine. Pressé par Karim Zenati, son ami d'enfance, complice présumé des maîtres-chanteurs, Benzema était censé mettre un coup de pression sur son coéquipier afin qu'il paie, sans quoi la vidéo serait diffusée, selon une source proche du dossier.
Tout l'enjeu de l'enquête est de savoir si le ton de cet entretien était celui d'un conseil d'ami ou, plus pressant, celui d'une injonction à payer. Après avoir chacun exposé sa version des faits à la juge, les deux joueurs avaient raconté leur vision du dossier par médias interposés.
Valbuena, entendu le 20 novembre par la magistrate, assure avoir été "incité" par le joueur du Real Madrid à rencontrer ses maîtres-chanteurs: "Inciter, ça veut dire +Il va falloir que tu payes+. Indirectement", avait déclaré au Monde le milieu de l'Olympique lyonnais.
Benzema, s'il a reconnu l'existence de cette conversation, s'est toujours défendu d'avoir voulu faire chanter son coéquipier des Bleus. "Je lui parle avec le coeur et il le sait. Quand j'entends parler de chantage, qu'on a demandé de l'argent, ça me rend fou", avait-il assuré sur TF1.
"Lorsque Valbuena sort de cet entretien (à Clairefontaine), s'est-il senti menacé? Son ressenti sur cette conversation a été faussé par l'emballement médiatique de l'affaire", a estimé Me Jakubowicz. Selon lui, "cette confrontation aurait permis d'éclairer le débat". Pour la juge, a plaidé l'avocat, "la seule différence" de positions entre les deux joueurs "réside dans le ressenti de chacun sur les termes de cette conversation".
"Ces deux hommes à leur niveau ont des choses à se dire, le bureau d'un juge d'instruction était un bon lieu pour échanger", a-t-il déploré.