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© AFP/ATTILA KISBENEDEK
Deux membres de la délégation du Kosovo, dont le président de la Fédération de football Fadil Vokrri (d), lors du 40e congrès ordinaire de l'UEFA à Budapest, le 3 mai 2016
Fierté et émotion vont s'emparer du Kosovo lundi: son équipe de foot va disputer en Finlande le premier match officiel de sa jeune histoire, pour le début des qualifications du Mondial-2018.
. Deux maillots
Le Kosovo est devenu en mai le 210e membre de la Fifa (aux côtés de Gibraltar, 211e). Le petit Etat balkanique est indépendant depuis 2008, même s'il n'est toujours pas reconnu par plusieurs pays dont la Serbie ou la Russie.
Depuis sa reconnaissance par l'instance mondiale du foot, l'excitation a laissé place à une question: qui pour jouer dans l'équipe nationale? 24 joueurs avec des racines kosovares pourraient prétendre à la sélection mais ont déjà évolué avec une autre équipe nationale.
Lundi, la Fifa a autorisé 16 joueurs à porter le maillot kosovar, dont Fanol Perdedaj et Enis Alushi (qui avaient évolué pour l'Allemagne), Bersant Celina et Elbasan Rashani (ex-Norvège), Hekuran Kryeziu et Albert Bunjaku (ex-Suisse), Sinan Bytyçi (ex-Autriche), Vedat Muriç (ex-Albanie) et Erton Fejzullahu (ex-Suède).
La règle de l'instance suprême du foot mondial en la matière est simple: interdiction de changer de sélection nationale lorsqu'on a déjà évolué sous les couleurs d'un pays.
Mais le cas du Kosovo est particulier. "C'est sans précédent. Des joueurs ont joué pour d'autres sélections nationales alors que le Kosovo n'était pas encore un membre de la Fifa (...) La Fifa devrait autoriser une exemption exceptionnelle", avait réclamé le patron de la Fédération kosovare Fadil Vokrri.
. Le retour au pays
L'admission du Kosovo au sein de la Fifa avait déclenché une vague de départ dans certaines sélections. C'est le cas de l'Albanie dont quatre joueurs présents au dernier Euro ont déposé un recours pour pouvoir jouer avec leur pays d'origine.
D'autres comme le Belge Adnan Januzaj, le Finlandais Perparim Hetemaj ou encore le Suédois Arber Zeneli, attendent eux aussi le feu vert de la Fifa pour rejoindre les couleurs du Kosovo.
© AFP/THOMAS SAMSON
Le milieu norvégien, originaire du Kosovo, Valon Berisha (c), en amical face à la France au Stade de France, le 27 mai 2014
Pour certains, la décision de changer d'équipe a été un choix déchirant. C'est le cas du Norvégien Valon Berisha, qui après une longue hésitation, a fait le choix du pays de ses parents.
"Je suis né en Norvège et tout ce que j'ai accompli a été grâce à la Norvège. J'ai été dans le flou pendant trois ou quatre semaines à ne pas savoir quoi faire", raconte l'international aux 19 sélections avec son pays de naissance.
Son frère, Veton, a lui souhaité rester avec la nation scandinave.
Dans ses rêves les plus fous, le Kosovo regarde aussi du côté de la Suisse, dont plusieurs stars pourraient le rejoindre, en tout cas théoriquement.
Granit Xhaka a un moment laissé entendre qu'il pourrait franchir le pas, avant d'assurer qu'il continuerait à jouer pour la Suisse. Le destin de sa famille, qui avait émigré en Suisse pour fuir la guerre en ex-Yougoslavie, est d'ailleurs l'illustration dans le football de l'histoire complexe des Balkans: son frère aîné, Taulant, est international albanais et tous deux ont joué l'un contre l'autre à l'Euro en juin.
Autre star suisse originaire du Kosovo, Xherdan Shaqiri a laissé planer le doute sur ses intentions futures: "Je suis très heureux que le Kosovo ait été accepté par la Fifa et qu'il dispute les éliminatoires (du Mondial). C'est important pour le pays, pour les enfants. Mais je ne peux rien à dire à propos de cela pour l'instant", avait-il glissé pendant l'Euro.
. Objectif Euro plutôt que Mondial
© AFP/ARMEND NIMANI
Des joeurs kosovars du FC Hajvalia, proche de Pristina, le 12 mai 2016
Si le match de lundi concerne la qualification pour le Mondial en Russie dans deux ans, le sélectionneur Albert Bunjaki ne se fait aucune illusion: "C'est juste le début d'un projet afin de créer une bonne équipe pour le prochain Euro", en 2020.
Face à l'incertitude qui entoure l'équipe, Bunjaki a dû concocter deux listes pour affronter la Finlande. L'une composée de 15 joueurs qui sont assurés de pouvoir jouer et une autre de 11 qui attendaient l'autorisation de pouvoir évoluer avec le Kosovo.
Ces joueurs vont porter les espoirs de tout ce jeune pays.
"L'émotion qui nous entoure est forte. Nous devons la surmonter pour obtenir un bon résultat. Nous sommes prêts et nous pouvons le faire", assure le défenseur Bajram Jashanica.
Le Kosovo n'aura pas la partie facile puisque dans son groupe on retrouve en plus de la Finlande, la Croatie, la Turquie, l'Islande et l'Ukraine.
Et pour jouer à domicile il faudra patienter, le stade de Pristina ne pouvant accueillir de rencontre internationale. Les dirigeants kosovars espèrent qu'il sera prêt à partir de juin prochain. En attendant, le Kosovo jouera en Albanie.