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Bras de fer entre le SC Bastia et les autorités du football, manifestations et interpellations, prises de position des nationalistes: la tension persistait mardi en Corse, trois jours après des heurts en marge d'un match Reims-Bastia.
Mardi après-midi, un nouveau front s'est ouvert sur l'île, scrutée attentivement depuis la victoire historique des nationalistes aux élections territoriales de décembre: ce nouveau débat se cristallise autour de l'horaire du match que Bastia doit disputer face à Nantes samedi à Furiani.
Les supporters bastiais ayant annoncé leur intention de manifester samedi à 14H30 devant le Palais de Justice de la ville, la Ligue de football professionnelle (LFP) a indiqué qu'à la demande de la préfecture de Haute-Corse la rencontre, prévue à 20H00, se jouerait à 14H00.
Le club corse a immédiatement pris le parti de ses supporters, et annoncé qu'il opposait un "refus catégorique" au "diktat" de la Ligue. Le SC Bastia assure qu'il n'a "à aucun moment été consulté sur les raisons qui ont motivé cette décision unilatérale" et menace de maintenir "les portes du stade fermées à l'horaire décrété par les instances".
- Palettes de bois -
Parallèlement à ce bras de fer, manifestations et rassemblements étaient de nouveau organisés mardi sur l'île, notamment devant des lycées de Bastia et d'autres villes corses. Une centaine de jeunes gens ont bloqué la circulation à l'entrée sud de Bastia à la mi-journée avant de se diriger vers le centre-ville.
Comme lundi, les syndicats étudiants, nationalistes, ont décrété une journée "Université morte": les portes des facultés de l'université de Corse-Pascal Paoli ont été bloquées par des planches et palettes de bois pour en empêcher l'accès.
Une Assemblée générale était prévue dans la journée pour décider de la suite à donner au mouvement, et un rassemblement était annoncé dans l'après-midi.
Les agriculteurs commencent également à se mobiliser, après l'interpellation d'une femme et de l'un des leurs suspectés d'avoir hébergé les manifestants suite à une manifestation qui a donné lieu lundi soir à des affrontements - qui n'ont fait aucun blessé - devant la gendarmerie de Corte. La Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) a battu le rappel de ses troupes pour un rassemblement dans l'après-midi à Corte.
- 'Version officielle' -
Ces tensions trouvent leur origine dans des heurts qui ont éclaté samedi à Reims, après une rencontre de L1 avec Bastia. Plusieurs interpellations ont eu lieu et huit supporters de Bastia doivent être jugés pour leur participation présumée à des violences contre les policiers.
Mais surtout un étudiant corse de 22 ans, Maxime Beux, a été gravement blessé à l'oeil, selon le parquet de Reims en tombant sur un poteau alors qu'il était poursuivi par la police. Mais selon certains témoignages, il aurait été atteint au visage par un tir de flashball. Une information judiciaire a été ouverte, qui doit permettre d'éclaircir ce point.
Sur le plan politique, le président de la collectivité territoriale de Corse, le nationaliste Gilles Simeoni, qui avait évoqué lundi un "racisme anticorse" qui aurait joué dans ces incidents, a mis en doute mardi la "version officielle" de l'affaire.
"Au moment où je vous parle, il semble qu'il n'y ait pas de certitudes. Par contre il y a des éléments convergents qui me laissent penser que la version officielle ne correspond pas forcément à la réalité", a déclaré M. Simeoni sur France Inter. Il faut "une enquête impartiale pour savoir comment les choses se sont passées", a poursuivi M. Simeoni.
Ce dernier était reçu mardi au côté de l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse, par le ministre des collectivités territoriales, Jean-Michel Baylet. Dans ce contexte tendu, M. Simeoni a déclaré que les élus corses voulaient "une solution politique d'ensemble" et assuré qu'ils ne venaient pas à Paris dans une "logique belliciste".
Mi-janvier, lors de leur première rencontre à Matignon, le Premier ministre, Manuel Valls, et les deux dirigeants corses n'avaient pu qu'acter leurs désaccords, décidant seulement de créer trois groupes de travail pour marquer "l'ouverture d'un dialogue".
Ce jour-là, M. Talamoni, avait qualifié la France de "pays ami", suscitant de nombreuses réactions.