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Des tribunes au tribunal. "Ici c'est Paris", chant emblématique né dans les gradins du Parc des Princes, prend le chemin des prétoires: le PSG a saisi la justice pour récupérer la marque auprès de supporters, qui poursuivent le club parisien pour contrefaçon.
Selon Christophe Uldry, ancien porte-parole des Supras (contraction des termes supporters et ultras) du virage Auteuil, aujourd'hui dissoute, c'est lui qui un soir de 2001 a été le "premier" à entonner ce slogan, qui a depuis fait florès, au point d'être reprise par le speaker du stade parisien.
Les Supras déposent la marque en 2008, pour qu'elle "ne puisse être accaparée par quiconque", selon leur avocat, Me Jean Aittouares. Mais ils ne l'exploitent pas. Si bien que le club, qui souhaite développer l'exploitation de cette dénomination pour des produits dérivés, propose son rachat pour 2.000 euros.
Les discussions n'ayant pas abouti, le club a lancé début décembre une action devant le tribunal de grande instance de Paris en "déchéance de marque", afin de pouvoir l'exploiter.
Mais selon l'association Défense des droits des supporters, le club n'a pas attendu, loin de là. T-shirts, écharpes, casquettes, le PSG commercialise au moins depuis 2010 des produits dérivés frappés du fameux "Ici c'est Paris", selon Me Aittouares. L'association, qui détient la marque convoitée, saisit à son tour le tribunal de grande instance de Paris et assigne le PSG pour contrefaçon.
"Ce qui me choque, c'est que le club ait éradiqué ses supporters pour ne plus avoir que des spectateurs" et veuille "leur prendre ce qui constitue leur patrimoine", a déclaré à l'AFP Me Aittouares, qui juge "dommage" que cette phrase finisse "sur des t-shirt à 50 euros".
- 'Question de principe' -
"+Ici c'est Paris+ n'a d'intérêt que parce que ça a une histoire, une histoire qui est la nôtre", a abondé Christophe Uldry, porte-parole de Défense des droits des supporters, qui s'en prend à un "club qui nous rejette" et vient se "l'approprier de manière exclusive". Pour lui, ce slogan "appartient à tout le monde".
"C'est une question de principe", a-t-il ajouté. Si à l'issue de cette procédure, l'association, qui demande une provision de 60.000 euros, touche de l'argent, "il y a de fortes chances pour qu'il aille à des associations caritatives", selon lui.
Défense des droits des supporters demande sous astreinte de 500 euros par jour de retard, que le tribunal ordonne de lui communiquer liste des prestataires, quantités de produits dérivés "Ici c'est Paris" et éléments comptables depuis 2008.
Les deux procès, en déchéance de marque et pour contrefaçon, ne devraient pas se tenir avant plusieurs mois.
Entre la direction actuelle du club et ses supporters historiques parfois turbulents, le divorce est consommé de longue date.
Après, entre autres, le fichier des supporters du PSG, suspendu par le Conseil d'Etat, des abonnements qui selon Christophe Uldry atteignent des prix "prohibitifs" pour un public populaire, cette affaire marque un "ras-le-bol".
"On se retrouve avec un stade qui n'a plus du tout d'ambiance", dénonce-t-il, "on ne va plus au Parc, on nous a rejeté, mais c'est notre club, "et on l'aime".
Christophe Uldry espère que "l'Histoire retiendra les résultats de l'équipe" plutôt que la gestion des dirigeants du club.
Le PSG n'a pu être joint mercredi à la mi-journée.