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© AFP/PATRICK KOVARIK
Le président de la LFP Jean-Pierre Denis et son directeur général Didier Quillot, le 27 mai 2016 à Paris
Un directeur général de la LFP embarrassé, des clubs divisés: la nouvelle formule de la Ligue des champions n'en finit pas de semer la pagaille au sein du football professionnel français.
Malgré le climat "apaisé" et "serein" évoqué par le DG de la Ligue Didier Quillot, les réunions du Conseil d'administration de la LFP puis de Première Ligue, le syndicat des équipes de L1, n'ont pu qu'acter jeudi la zizanie provoquée par la réforme de la compétition phare de l'UEFA, qui accorde à partir de la saison 2018-2019 quatre places en phase de groupes aux quatre grands championnats européens (Espagne, Angleterre, Allemagne, Italie).
Si la France se maintient à la 6e place de l'indice UEFA ou remonte en 5e position, le tenant de la Ligue 1 et son dauphin seront directement qualifiés et le 3e devra passer par un barrage.
Concrètement, le CA de la LFP a décidé de créer un groupe de travail avec la Fédération française de football "pour étudier les pistes d'action afin de garantir la compétitivité sportive des compétitions domestiques", notamment la différence de revenus entre la Ligue des champions et l'Europa League. Mais pas sûr que cela puisse ramener la sérénité entre des clubs aux intérêts divergents.
La fracture est ainsi béante en France entre ceux assurés de participer chaque saison à la C1, comme le PSG ou Lyon, et les autres.
- 'Un vrai scandale' -
Pour Jean-Michel Aulas, président de l'OL et membre du Board de l'Union des clubs européens (ECA), fer de lance de la réforme, celle-ci est un moindre mal et écarte la menace d'une ligue privée et fermée.
"La proposition qui a été faite est moins difficile pour la France qu'avant. Donc on ne peut pas dire qu'on est pénalisés. Les clubs en Ligue des champions et en Europa League vont gagner beaucoup plus d'argent. C'est une réforme qui peut être améliorée mais n'a pas un caractère de révolution et ce n'est pas une catastrophe", a plaidé JMA.
Des arguments balayés par le camp d'en face. "On peut être triste pour le football français. C'est une décision précipitée et tout le monde est pris de court. C'est un vrai scandale sur la forme et sur le fond, c'est une catastrophe. C'est une démarche qui doit être combattue et il y a une vraie action de fond à mener", a réagi Bernard Caïazzo, le dirigeant de St Etienne et patron de Première Ligue, le syndicat représentatif des clubs professionnels.
"90% des clubs de Ligue 1 et même de Ligue 2 ont le sentiment d'avoir été bafoués par cette réforme", a-t-il ajouté.
Cette division entre les clubs français a de quoi placer le DG de la LFP Didier Quillot dans une position embarrassante, l'obligeant à botter en touche lors d'une conférence de presse organisée à l'issue du CA de la Ligue.
- Fait accompli -
"Je ne dis pas que la réforme de la Ligue des champions est favorable aux clubs français, je ne dis pas non plus qu'elle n'est pas favorable", a-t-il expliqué.
"Il y aura un différentiel de compétitivité économique mais ça ne veut pas forcément dire un différentiel de compétitivité sportive. Regardez Leicester. Avec un budget moindre, il a remporté la Premier League anglaise", a poursuivi M. Quillot.
Le nouveau directeur général a tout de même avoué avoir été mis devant le fait accompli et n'avoir eu vent de la réforme que jeudi dernier. "Je n'ai pas été consulté, je l'ai découverte avec mes collègues des ligues européennes jeudi soir en me rendant au tirage au sort de la Ligue des champions à Monaco", a-t-il déclaré.
Aulas, en sa qualité de membre du Board de l'ECA, aurait-il donc joué double jeu?
"Je ne fais de procès d'intention à personne", a lâché Bernard Caïazzo mais la défiance est plus que jamais de mise.