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Gianni Infantino, son nouveau président, a beau affirmer que "la crise est finie", la Fifa, malgré les réformes adoptées, a encore beaucoup à faire pour retrouver sa crédibilité, un an après les arrestations de Zurich, prémices du pire scandale de corruption de son histoire.
27 mai 2015, Hôtel Baur au Lac: sept hauts dirigeants du football international sont arrêtés au petit matin à Zurich, à la demande de la justice américaine.
L'acte d'accusation met en cause 14 personnes, dont 9 membres ou anciens membres de la Fifa et évoque quelque 150 millions de dollars (132 millions d'euros) de pots-de-vin et de rétrocommissions, depuis les années 1990.
Le 2 juin, sous la pression, le président Sepp Blatter annonce qu'il remettra sa démission. Il sera plus tard suspendu 6 ans par la justice interne de la Fifa pour un paiement controversé de 2 millions de francs suisses (1,8 M EUR) à Michel Platini , membre du comité exécutif et candidat à sa succession. Le Français, suspendu quatre ans, doit renoncer à briguer la présidence de l'instance suprême du football mondial, qui revient, ironie de l'histoire, à son secrétaire général à l'UEFA, Gianni Infantino.
"Je n'oublierai jamais ce 27 mai", confie Blatter, dans un entretien à l'AFP. "Cela m'a ébranlé, profondément touché, moi et la Fifa d'entendre la justice américaine parler de la Fifa comme d'une association de mafiosi".
"Ce n'est pas fini cette affaire, car les Etats-Unis sont mauvais perdants", ajoute Blatter, alors que les USA avaient été battus par le Qatar pour l'obtention du Mondial-2022.
Une procédure distincte a également été ouverte contre X par la justice suisse pour soupçons de "blanchiment d'argent et gestion déloyale" autour de l'attribution des Mondiaux 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar.
-Arrestations et suspensions-
Depuis un an, la justice américaine et la justice interne de la Fifa ont commencé le grand ménage, avec des extraditions et interpellations d'un côté et des suspensions de l'autre.
Outre Blatter et Platini, tout deux écartés, Jérôme Valcke, ex-secrétaire général, mis en cause dans une affaire de revente de billets au marché noir, a été licencié puis suspendu 12 ans. L'Allemand Markus Kattner, directeur financier et secrétaire général adjoint, entré à la Fifa en 2003, a été renvoyé lundi, accusé de "manquements" financiers en lien avec ses fonctions qui pourraient se chiffrer à des millions de dollars. Au-delà de cette purge de ses hauts dirigeants, la Fifa a aussi donné des gages de bonne volonté en adoptant en février dernier un ambitieux plan de réforme de sa gouvernance, prévoyant notamment une limitation des mandats du président, un contrôle de l'intégrité des membres de son "gouvernement" et une transparence des revenus.
La Fifa montre "au monde avec quel sérieux nous poursuivons les réformes et le développement du football dans le cadre d'un processus démocratique", a assuré il y dix jours à Mexico Gianni Infantino, lors d'un congrès qu'il souhaitait consensuel mais qui s'est conclu par la démission de Domenico Scala, président de la Commission d'audit et de conformité et l'un des initiateurs des réformes.
Scala entendait protester contre l'adoption d'une mesure remettant selon lui en cause l'indépendance de certains organes de l'institution chargés notamment d'enquêter sur des membres.
"Sans ces mesures d'urgence, aucun changement ne serait possible avant le prochain Congrès, en mai 2017", a répliqué Gianni Infantino, assurant que l'utilisation de ce nouveau pouvoir resterait "limitée dans le temps jusqu'au prochain Congrès".
Lors du même Congrès, Infantino a pris tout le monde de cours en annonçant la nomination au poste de secrétaire générale de la Sénégalaise Fatma Samba Diouf Samoura, 54 ans dont 21 au sein des Nations Unies, amie de Roger Milla mais sans aucune expérience d'une grande organisation sportive.
Dans l'entourage d'Infantino, on souligne qu'"il y a un an, on était la tête dans le sac alors qu'aujourd'hui il y a des perspectives. Il ne faut pas oublier tout ce qui a déjà été fait dans un laps de temps très court".
Pour autant, les critiques sont sévères contre un président qui selon Mark Pieth, ancien réformateur de la Fifa, "se blatterise déjà".
"Le choc des événements de l'année écoulée n'est pas encore absorbé", estime un ancien haut cadre de l'instance. La Fifa se débat encore et Infantino a du mal à trouver le bon rythme".
"Infantino est un tacticien mais pas un stratège", conclut un autre ancien responsable.