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Il y a un an, lorsque Marco Polo Del Nero, l'ex-président de la puissante fédération brésilienne de football, posait tout sourire sur son yacht dans les bras d'un mannequin, il était loin d'imaginer que cette photo finirait dans le dossier de l'enquête pour corruption dans le football sud-américain.
A l'image de ces journées ensoleillés où le champagne coulait à flot pour l'ancien patron du football brésilien, il ne reste plus grand chose de ce baiser en haute mer sur le compte Instagram de Katherine Fontenele, un mannequin de 24 ans qui avait fait sensation en posant nue pour la couverture du magazine "Sexy".
Mais internet n'oublie jamais et la photo en compagnie de l'ex-dirigeant de 74 ans, qui fait partie des 16 responsables inculpés par la justice américaine pour corruption au sein de la Fifa, est ressortie lorsque la commission du Sénat brésilien, qui enquête sur les comptes de la fédération de football du Brésil (CBF), a annoncé vouloir lever le secret fiscal et le secret sur les appels téléphoniques des anciennes compagnes de Del Nero.
Parmi les indices qui avaient éveillé les soupçons, figurait "My Way", le yacht de 16 mètres de long d'où Carol Muniz, autre jeune mannequin passée de la couverture de "Sexy" aux bras du dirigeant, avait publié des photos sensuelles sur les réseaux sociaux quelques mois plus tard. Les enquêteurs veulent déterminer si le yacht a été acquis grâce aux pots-de-vin versés par l'entreprise de marketing sportif Klefer.
"Tout le monde voyait bien leur train de vie luxueux. Ils voyageaient en jets privés, en hélicoptères et possédaient des maisons dans les meilleurs quartiers de Rio de Janeiro ... Personne n'a jamais eu le moindre doute sur l'origine de l'argent", a affirmé à l'AFP Juca Kfouri, journaliste brésilien qui dénonce depuis des années la corruption dans le "futebol".
- 5e avenue -
Del Nero et son "coeur d'artichaut", comme il l'a lui-même expliqué, était un amant généreux dont le patrimoine immobilier avait progressé de 175% depuis que son prédécesseur à la CBF, José Maria Marin, avait pris les rênes de la fédération (2012 à 2015), selon le quotidien Folha de Sao Paulo. La fédération a démenti cette information.
Le même José Maria Marin fait partie des responsables de la Fifa interpellés fin mai à Zurich. Incarcéré cinq mois en Suisse puis extradé le 3 novembre, il a été assigné à résidence dans son luxueux appartement de la Trump Tower, sur la 5e avenue à New York. Il porte un bracelet électronique, après règlement d'une caution de 15 millions de dollars. Mercredi, l'ancien dirigeant de 83 ans a plaidé "non coupable" devant un juge new-yorkais.
"Les ex-présidents de la CBF ne cachaient pas leur niveau de vie élevé parce qu'il étaient habitués à l'impunité dans laquelle ils vivaient depuis des années. C'est une honte pour les autorités et la justice brésiliennes que ce soit le FBI qui enquête sur Marin, Del Nero et Texeira", a souligné Kfouri.
Mais les Brésiliens ne sont pas les seuls à intéresser la justice américaine. Les 10 présidents des fédérations sud-américaines de football de 2013 sont également visés.
Parmi eux, figure notamment Sergio Jadue, l'ex-dirigeant de la fédération chilienne, qui collabore depuis novembre avec la justice américaine, laissant derrière lui une vaste maison à 700.000 dollars et une carrière fulgurante qui l'avait propulsé de la présidence d'un humble club à la vice-présidence de la Confédération sud-américaine de football (Conmebol).
Avant de coopérer aussi avec le FBI, le "tsar" du football colombien, Luis Bedoya, avait accumulé les zéros sur ses comptes en banques et une douzaine d'immeubles de luxe durant les neuf années où cet ancien vendeur de vêtements avait présidé la fédération des "Cafeteros".
Ruiné par ses dirigeants, le football sud-américain cherche désormais à récupérer le prestige de ce continent qui a remporté neuf titres de champions du monde et dont les stars continuent d'éclairer les meilleurs championnats de la planète.