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Franz Beckenbauer avec Joseph Blatter, alors président de la Fifa, le 29 juin 2006 à Berlin
Franz Beckenbauer, la légende du football allemand, est poursuivi par la justice suisse pour "soupçon d'escroquerie, de gestion déloyale, de blanchiment d'argent ainsi que d?abus de confiance" dans le cadre d'une enquête en cours sur l'attribution du Mondial-2006 à l'Allemagne.
Selon le parquet fédéral suisse (Ministère public de la Confédération, MPC), "des perquisitions ont eu lieu ce jeudi en 8 endroits", en collaboration avec les autorités allemandes et autrichiennes, et "divers prévenus ont été auditionnés" par le MPC ou sur mandat de ce dernier. Le MPC précise que "toutes les personnes mentionnées jouissent de la présomption d?innocence".
Toujours selon le MPC, Beckenbauer fait partie d'un groupe de quatre personnes, toutes membres de la présidence du comité d'organisation du Mondial-2006 et qui sont poursuivies par la justice suisse dans cette affaire, avec deux anciens présidents de la Fédération allemande de football (DFB), Theo Zwanziger et Wolfgang Niersbach ainsi que Horst-Rudolf Schmidt, secrétaire de la DFB.
- 6,7 millions euros au c?ur des investigations -
Le cofinancement d'une soirée de gala "à hauteur de 7 millions d'euros, réduit par la suite à 6,7 millions d'euros est au c?ur des investigations".
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Franz Beckenbauer, le 6 mars 2006 à Düsseldorf
La justice suisse "soupçonne les prévenus d'avoir su que ce montant ne devait pas servir à financer cette soirée, mais au remboursement d'une dette qui n'était pas due par la Fédération allemande de football", ajoute encore le communiqué.
Ces informations parcellaires, difficiles à décrypter, ne sont en tous cas qu'un volet d'une affaire à la portée beaucoup plus vaste: l'Allemagne a-t-elle ou non payé de hauts responsables du football mondial pour qu'ils lui attribuent le Mondial-2006 ?
Aucune preuve n'en a jamais été fournie, mais les soupçons ont été suffisants pour que le comité d'éthique de la Fifa ouvre une enquête en début d'année. Par ailleurs, un rapport d'experts - le cabinet Freshfields - mandatés par la DFB en mars a laissé planer le doute, affirmant: "Nous n'avons pas trouvé de preuve d'achat de votes mais nous ne pouvons l'exclure".
Et de souligner que certains délégués de la Fifa, au moment de l'attribution de la Coupe du monde, semblent avoir soudainement et au dernier moment changé leur vote en faveur de l'Allemagne.
La candidature allemande l'avait finalement emporté de justesse sur celle de l'Afrique du Sud (12 voix contre 11).
- Transferts de fonds suspects -
L'affaire avait démarré fin octobre 2015 lorsque le magazine allemand Der Spiegel avait accusé l'Allemagne d'avoir utilisé un fonds secret de 10 millions de Francs suisses (6,7 millions d'euros) pour acheter des voix et obtenir l'organisation de ce Mondial.
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Franz Beckenbauer, avec Wolfgang Niersbach, le 7 décembre 2005 à Leipzig
Ce fonds aurait été alimenté, à la demande de Franz Beckenbauer, par l'ancien patron d'Adidas, le défunt Robert Louis-Dreyfus, peu avant l'été 2000, période à laquelle s'est faite l'attribution de la Coupe du monde 2006.
Le communiqué du parquet suisse, qui évoque la somme de 6,7 millions d'euros, fait donc écho à ces soupçons, et aux révélations faites en mars par le rapport Freshfields.
Ce document de 360 pages établit en effet que les 6,7 millions d'euros provenaient bien des comptes de Louis-Dreyfus, et que ces fonds sont arrivés sur le compte d'une société au Qatar, qui "selon des informations de presse est sous l'influence de Mohamed bin Hammam", un ex-membre du comité exécutif de la Fifa banni à vie du football en 2011 pour corruption.
Par ailleurs six autres millions de francs suisses ont été versés au Qatar, depuis un compte contrôlé par Beckenbauer et l'un de ses conseillers. La somme leur a ensuite été restituée.
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Beckenbauer, alors président du comité d'organisation du Mondial-2006, avec Wolfgang Niersbach, le 7 décembre 2005 à Leipzig
Les 6,7 millions d'euros de la DFB "sont arrivés au Qatar (...) mais dire (à quoi ils ont servi) relève de la spéculation", avait indiqué un représentant du cabinet d'avocats en présentant le rapport.
Ces virements ont cependant été faits en 2002, soit deux ans après l'attribution du Mondial à l'Allemagne.
Le rapport Freshfields confirme par ailleurs que la DFB a remboursé Louis-Dreyfus, via une fausse prestation.