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Cinq championnes du monde américaines attaquent la Fédération américaine de football en justice pour discrimination salariale, dénonçant l'écart de traitements avec leurs collègues hommes et mettant en avant le palmarès inégalé de leur équipe.
"Nous avons prouvé ce que nous valions au fil des années", a commenté sur la chaîne NBC Carli Lloyd , milieu de terrain élue meilleure joueuse de la Coupe du monde 2015. "Nous sortons d'une victoire en Coupe du monde et l'écart salarial entre hommes et femmes est simplement trop important."
Les quatre autres joueuses, toutes des vedettes de la sélection américaine, sont Becky Sauerbrunn, Hope Solo , Alex Morgan et Megan Rapinoe , selon le document transmis à l'AFP par le cabinet d'avocats en charge de leurs intérêts, Winston & Strawn.
Le recours a été déposé auprès de la Commission pour l'égalité d'accès à l'emploi (EEOC), organisation gouvernementale chargée de faire appliquer le droit du travail et de saisir, en dernier recours, un tribunal.
En sept éditions de la Coupe du monde, l'équipe féminine américaine l'a emporté trois fois (1991, 1999 et 2015) et n'a jamais fini au-delà de la troisième place.
Elle reste également sur trois victoires d'affilée aux Jeux olympiques et sur quatre titres en cinq compétitions depuis 1996.
- Du simple au double -
L'annonce du recours en justice intervient au lendemain de la défaite de l'équipe américaine masculine des moins de 23 ans contre la Colombie (1-2), qui prive la sélection masculine de Jeux olympiques pour la seconde fois d'affilée.
"Nous sommes engagés dans des négociations avec l'association des joueuses de l'équipe nationale féminine portant sur une nouvelle convention collective qui aborde la rémunération" et doit entrer en vigueur fin 2016, au terme de la convention collective actuelle, a déclaré la fédération dans un communiqué.
La fédération a rappelé qu'elle avait joué un rôle important dans l'entrée du football féminin aux Jeux olympiques, en 1996, ainsi que dans la mise en place de primes à la Coupe du monde féminine.
Elle a aussi souligné qu'elle était à la tête de la ligue professionnelle féminine américaine, la National Women's Soccer League, créée en 2012.
Selon les documents fournis par le conseil des joueuses, les membres de l'équipe nationale féminine perçoivent un salaire de base annuel de 72.000 dollars, assorti de primes de match, qui n'excèdent cependant pas 1.350 dollars. En cas de défaite, elles ne reçoivent pas de prime.
Les joueurs de l'équipe masculine, eux, ne reçoivent pas de salaire de base mais touchent, au minimum, 5.000 dollars par match amical et jusqu'à 17.625 dollars en cas de succès.
Toujours selon le document du recours, les femmes reçoivent 30.000 dollars de primes lorsqu'elles sont sélectionnées pour une Coupe du monde, contre 68.750 dollars pour les hommes dans le même cas de figure.
- 'Pour un travail équivalent' -
Il n'y a qu'en cas de qualification olympique qu'hommes et femmes reçoivent la même prime, soit 15.000 dollars assortis de 15.000 dollars supplémentaire pour chaque joueur sélectionné pour la phase finale.
Contactée par l'AFP, la fédération américaine n'a pas confirmé ces chiffres.
"Il est devenu clair récemment que la fédération n'avait pas l'intention de nous rémunérer (au même niveau que les hommes) pour un travail équivalent", a déclaré Megan Rapinoe dans un communiqué publié par le cabinet d'avocats Winston & Strawn.
"J'ai connu plusieurs accords collectifs (régissant les relations entre la fédération et ses joueurs) et, honnêtement, peu de choses ont changé", a déclaré Hope Solo sur la chaîne NBC.
"Il est de la responsabilité des sports féminins, en particulier du football féminin, de faire tout ce qui est possible pour obtenir l'égalité de traitement et de salaire, et être traité avec respect", a-t-elle ajouté.
"Quand elles ont demandé d'avoir le même traitement que les hommes, on leur a dit que c'était irrationnel. C'est une réponse qui pouvait convenir en 1816, mais ce n'est pas acceptable en 2016", a commenté sur NBC l'avocat des joueuses, Jeffrey Kessler, du cabinet Winston & Strawn.