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L'Uruguayen Eugenio Figueredo, ancien vice-président de la Fifa, inculpé pour fraude et blanchiment d'argent dans son pays, percevait 50.000 dollars par mois "illégalement" de la part d'entreprises qui commercialisaient les droits sportifs, selon le compte-rendu de l'audience publié mardi.
"Selon les preuves réunies", écrit la juge en charge de l'affaire Adriana de los Santos sur le site internet du ministère de la justice uruguayen (www.poderjudicial.gub.uy), il apparaît que M. Figueredo "a perçu illégalement d'importantes sommes d'argent en provenance d'entreprises qui commercialisaient les droits sportifs des différentes compétitions de football".
"Outre son salaire de 40.000 dollars en tant que président de la Conmebol (Confédération sud-américaine de football), il percevait la somme de 50.000 dollars par mois de la part de ces entreprises", dont "Torneos y competencias" et "T&T", en échange de l'attribution des droits TV lors de "tournois de moins de 20 ans, moins de 17 ans", poursuit la juge à propos d'Eugenio Figueredo.
L'ancien dirigeant a également admis avoir reçu "plus de 400.000 dollars" de l'entreprise "Full Play Group S.A (...) en échange du maintien des contrats".
Pour percevoir cet argent, M. Figueredo avait recours à "des stratagèmes et des supercheries", pour "éviter que de nouvelles entreprises se présentent pour commercialiser les droits sportifs des différentes compétitions", "au préjudice des clubs uruguayens et des footballeurs professionnels".
- Gorka Villar parti avec 500.000 dollars -
Selon les déclarations de M. Figueredo, âgé de 83 ans, "durant plusieurs décennies", ni les rémunérations des membres du comité exécutif, ni celles des présidents des associations nationales qui composaient la Conmebol, "n'étaient inscrites dans les bilans de l'organisation".
Dans son compte-rendu, la juge demande également aux autorités du Paraguay (siège de la Conmebol) de notifier "à M. G.V., qu'il devra comparaître devant cette instance dans un délai de 10 jours".
Le procureur en charge de l'affaire, Juan Gomez, a confirmé à l'AFP que ces initiales correspondaient à l'Espagnol Gorka Villar, directeur général de la Conmebol, et fils d'Angel Maria Villar, président de la Fédération de football espagnole (RFEF) et vice-président de l'UEFA et de la Fifa.
Mardi, le quotidien paraguayen ABC, qui cite des "sources sûres", a affirmé que Gorka Villar était parti en Espagne en emportant plus d'un demi-million de dollars et après avoir "brûlé des documents".
Concernant le deuxième chef d'inculpation, le "blanchiment d'argent", la juge a expliqué que "l'argent illégalement obtenu (...) était investi dans le marché immobilier" local.
Extradé depuis la Suisse où il avait été interpellé en mai, Figueredo est arrivé en Uruguay jeudi. Entendu le jour même par la justice, il a reconnu la corruption au sein de la Conmebol, selon le procureur Juan Gomez, et a immédiatement été placé en détention.
Des charges de fraude et de blanchiment d'argent sont retenues contre lui. Il encourt entre deux et 15 ans de prison mais, en raison de son âge et de sa santé fragile, il aurait la possibilité d'accomplir sa peine chez lui, sous contrôle judiciaire. Sa défense devrait plaider en ce sens.
Interpellé dans le cadre d'un coup de filet contre des responsables de la Fédération internationale de football, Figueredo aurait, selon la justice, accepté des pots-de-vin de plusieurs millions de dollars en échange de l'octroi de droits de marketing pour la diffusion de matches de football à une société américaine.
Figueredo a été vice-président de la Conmebol de 1993 à 2013, année au cours de laquelle il est devenu président de l'organisation. Il a également dirigé la Fédération uruguayenne de football (AUF) entre 1997 et 2006.