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Les avocats de Michel Platini s'interrogent sur l'intérêt du président de l'UEFA à se présenter le 18 décembre devant la justice interne de la Fifa pour se défendre, alors que de troublantes déclarations suggèrent une lourde sanction déjà actée pour le Français.
"La question de la présence de Michel Platini , sans être tranchée, se pose, a indiqué samedi à l'AFP son avocat Thibaud D'Alès. Est-ce qu'il doit se rendre à cette convocation alors que la sanction est visiblement déjà prise?"
Son conseil faisait référence aux propos du porte-parole de la commission d'éthique de la Fifa Andreas Bantel, apparus quelques heures sur le site de Lequipe.fr vendredi soir.
M. Bantel y déclarait: "Platini sera certainement suspendu pour plusieurs années, quant à Blatter (NDLR: 79 ans), il n'y a pas de différence pour lui entre plusieurs années et un bannissement à vie".
Certes, cet entretien en ligne a ensuite été épuré. Dans sa version papier samedi, L'Equipe, qui reproduit un passage de la version originale de cet entretien, précise: "Après une première publication, Andreas Bantel a contacté la rédaction de L'Equipe pour préciser qu'il s'était exprimé en son nom propre et pas en qualité de porte-parole de la commission d'éthique de la Fifa".
M. Bantel a affirmé samedi à l'AFP que "l'Equipe avait publié une interview non autorisée".
- 'Une mascarade' -
Mais le camp Platini ne décolère pas devant la version initiale. "Ces propos confirment des méthodes d'un autre temps, un jeu de dupes, une mascarade! C'est un tribunal politique qui condamne avant d'avoir jugé et exécute en place publique", a commenté Me D'Alès.
" Michel Platini est révolté", ajoute encore ce membre du cabinet Clifford Chance à Paris.
Le président de la Fédération française de football Noël Le Graët a déploré samedi qu'un porte-parole "de la commission d'éthique dise dans la presse qu'on va sanctionner de plusieurs années (de suspension) Michel Platini avant même de l'entendre."
"Le fonctionnement de la Fifa apparaît extrêmement sévère au niveau de l'éthique", poursuit le patron de la FFF, qui "pense que tout accusé mérite au moins d'être entendu et défendu". "Chez nous (NDLR: dans l'organe disciplinaire de la FFF) la décision serait cassée, mais est-ce que ça le remettrait en position éligible, je ne sais pas", a encore développé M. Le Graët.
Car le calendrier s'accélère. La justice interne de la Fifa doit rendre avant Noël son verdict dans l'affaire du fameux paiement de 1,8 million d'euros versé à Platini par Joseph Blatter, président aujourd'hui démissionnaire de la Fifa et également suspendu. Et l'ancien joueur vedette de la Juventus risque gros, puisque la radiation à vie du monde du foot a été requise contre lui par la chambre d'instruction de la commission d'éthique.
- Long circuit des appels -
Si une lourde sanction lui est infligée, l'ex-capitaine des Bleus aura-t-il le temps d'épuiser les voies de recours, pour, en cas de succès, se présenter à l'élection à la présidence de la Fifa, toujours fixée au 26 février à Zurich?
Le circuit des appels est toujours le même: en interne d'abord, devant la commission des recours de la Fifa, puis, si celui-ci est rejeté, devant le Tribunal arbitral du sport (TAS).
Et le TAS n'a pas envoyé un très bon signal vendredi en refusant la demande du Français de lever sa suspension provisoire.
Mais l'entourage de Platini veut s'accrocher aux déclarations du secrétaire général du TAS Matthieu Reeb: "M. Platini a perdu cette manche mais ce n'est pas définitif" et rendre une décision rapide en dernier recours, "c'est l'engagement que le TAS prendra afin de permettre à cette élection de se dérouler comme prévu".
Dans l'immédiat, Platini, suspendu, est privé de ses fonctions de président de l'UEFA, et n'a pas pu assister au tirage au sort de l'Euro-2016 samedi soir à Paris, lui le héros victorieux de l'Euro-1984 remporté en France.