Happy Birthday : |
© AFP/MICHAEL BUHOLZER
Le successeur de Joseph Blatter à la tête de la Fifa, qui doit être élu vendredi, prendra les rênes d'une fédération fragilisée
Le successeur de Joseph Blatter à la tête de la Fifa, qui doit être élu vendredi, prendra les rênes d'une fédération internationale fragilisée par une crise sans précédent et se trouvera face à un immense chantier: restaurer la confiance dans une institution décrédibilisée.
Pour y parvenir, le futur président devra mener une véritable réforme de la gouvernance, retrouver du crédit auprès des sponsors tout en gérant les procédures pénales en cours.
. Restaurer une image dégradée
Depuis l'arrestation de sept hauts responsables du football mondial en mai dernier à Zurich, accusés par la justice américaine d'avoir accepté des millions de dollars de pots-de-vin, les révélations se succèdent. Ce que beaucoup soupçonnaient est apparu au grand jour et le mot Fifa est aujourd'hui, aux yeux de beaucoup, synonyme de corruption.
Après les lieutenants, c'est le patron, "Sepp" Blatter, qui est tombé en décembre, suspendu 8 ans par la justice interne de la Fédération internationale, après avoir été mis en examen par la justice suisse. Blatter paie notamment le versement controversé d'1,8 million d'euros à son successeur désigné, Michel Platini , président de l'UEFA, lui aussi suspendu 8 ans. Pour l'un des favoris de l'élection, l'Italo-Suisse Gianni Inantino, "l'image et la réputation de (la Fifa) ont été sévèrement mises à mal par les récents événements. Mon objectif principal sera de faire changer les choses et de remettre le football au centre des activités de la Fifa".
Mais pour Patrick Nally, spécialiste du marketing sportif, "la profondeur des enquêtes de la justice et ce qui est déjà remonté à la surface, même s'il reste encore à enquêter en Asie et en Afrique, indique que malgré les efforts de la Fifa, il lui sera très difficile de retrouver du crédit".
. Réformer la gouvernance
Pour restaurer son image, la Fifa va devoir profondément réformer sa gouvernance. "Je ne veux pas me réveiller le 27 mars sans ces réformes, elles doivent passer", a prévenu mardi l'ancienne joueuse australienne Moya Dodd, l'une des trois femmes (sur 24 membres) à siéger au comité exécutif, dans un entretien à plusieurs journalistes, dont l'AFP.
Le "paquet" de réformes adopté en décembre et qui sera soumis au vote des 209 fédérations vendredi, prévoit notamment une limitation à 12 ans du cumul des mandats, alors que Blatter, réélu en mai pour un 5e mandat, était en poste depuis 17 ans. Un contrôle d'intégrité de chaque nouveau membre du comité exécutif ou de toute autre commission sera également réalisé. Parmi les autres propositions: la publication des rémunérations, notamment celle du président, et une séparation entre les décisions politiques (comité exécutif) et économiques (secrétaire général), pour éviter tout conflit d'intérêt.
Retrouver la confiance des sponsors
En octobre dernier, les partenaires historiques, Coca Cola et MacDonald's, avaient appelé au départ "immédiat" de Blatter, mais aucun n'a interrompu son partenariat car, pour le responsable marketing d'une grande fédération olympique, "aucun n'a intérêt à céder la place à un concurrent". Si la Fifa va enregistrer pour 2015 une perte d'environ 100 millions d'euros, elle peut compter sur des réserves de 1,5 md USD pour amortir le choc et sur les milliards générés par le Mondial 2018 en Russie.
Mais pour autant, "il est évident que tout nouveau sponsor potentiel se demande s'il est bienvenu d'associer aujourd'hui son nom à la Fifa", ajoute ce même responsable du marketing, sous couvert d'anonymat. Pour les rassurer, ces sponsors devraient trouver place au sein d'un comité chargé de superviser l'application des réformes ainsi qu'un sein d'une nouvelle commission ouverte aux "partenaires".
Gérer les procédures
Aux procédures internes à la Fifa s'ajoutent les procédures judiciaires conduites par la justice américaine (39 personnes et deux sociétés mises en cause) et la justice suisse. Pour certains observateurs, un volet judiciaire touchant cette fois l'Afrique et l'Asie n'est pas à exclure. "J?espère que les questions pénales seront traitées jusqu?au bout, mais que ce soit fait rapidement, pour que l?on puisse reparler de football", a déclaré dimanche Gianni Infantino, bien conscient que "la tâche du futur président ne sera pas aisée".