Happy Birthday : |
La Fifa, cernée par la justice et à l'image ravagée par les scandales de corruption, a ouvert vendredi à Zurich son Congrès tant attendu qui doit désigner le successeur de Joseph Blatter à la présidence et tenter d'ouvrir un nouveau chapitre de son histoire.
Le secrétaire général intérimaire Markus Kattner a lancé les débats à 9h40 (8h40 GMT) devant environ 400 journalistes accrédités, contre seulement la moitié lors du précédent congrès en mai 2015, signe de l'importance de l'évènement pour une institution minée par les affaires.
Le grand moment de la journée doit se dérouler en début d'après-midi avec l'élection du nouveau président par 207 fédérations sur les 209 membres de la Fifa. L'Indonésie et le Koweït, suspendus, ont en effet été privés de vote par le Congrès en début de matinée.
Cinq candidats briguent la succession de "Sepp" Blatter, qui a dirigé l'instance mondiale durant 17 ans avant d'être forcé à la démission le 2 juin 2015, trois jours à peine après sa réélection pour un 5e mandat.
Deux favoris se détachent largement: le Cheikh Salman (50 ans), président bahreïni de la Confédération asiatique (AFC), et le juriste italo-suisse Gianni Infantino (45 ans), secrétaire général de l'UEFA.
Les trois autres candidats ne devraient faire que de la figuration: le prince jordanien Ali (unique concurrent de Blatter au scrutin de 2015), le Français Jérôme Champagne (ex-secrétaire général adjoint de la Fifa) et l'homme d'affaires sud-africain Tokyo Sexwale, qui a déjà annoncé jeudi qu'il était prêt "à travailler" avec Infantino
- L'Afrique juge de paix -
Le Cheikh Salman et Infantino peuvent chacun compter sur le soutien officiel de leur continent, l'Asie (46 voix) pour Salman et l'Europe (53) pour Infantino. Mais le front asiatique s'est quelque peu effrité: outre la mise hors-jeu du Koweit et de l'Indonésie, l'Australie, également membre de l'AFC, a assuré pencher pour le Prince Ali.
Les Etats-Unis ont fait de même, alors que le Canada a annoncé son soutien à Infantino, qui a également celui de l'Amérique du Sud (10) et centrale (7). Les autres pays du continent américain et l'Océanie (11) n'ont pas donné de consigne de vote.
Mais c'est surtout la position de l'Afrique, traditionnel juge de paix de l'élection à la présidence de la Fifa, qui risque d'être une nouvelle fois décisive.
La Confédération africaine (CAF), qui dispose du plus gros réservoir de voix (54), a officiellement appelé à voter pour le Cheikh Salman. Mais Infantino a bon espoir d'avoir retourné certaines fédérations. Son étiquette d'"Européen" et de technocrate siglé UEFA constituent cependant de sérieux handicaps.
Le Bahreïni est lui fragilisé par les critiques des ONG de défense des Droits de l'Homme sur son rôle présumé dans la répression du soulèvement démocratique dans son pays en 2011. Une poignée de manifestants anti-Salman s'est même postée devant le Hallenstadion, centre des congrès de Zurich où la Fifa s'est réunie.
- Poste exposé -
La tâche du successeur de Blatter promet quoi qu'il en soit d'être herculéenne: il s'agit de restaurer auprès du grand public et des sponsors une crédibilité et une confiance en ruines.
Et son poste promet d'être exposé. Aura-t-il à gérer les suites de nouvelles poursuites judiciaires ? Cette éventualité est dans toutes les têtes.
"L'avenir de la Fifa est en jeu après une année de crise, a d'ailleurs déclaré à la tribune Issa Hayatou, président par intérim depuis la suspension de Blatter. Nous avons l'occasion de rectifier le tir".
A quoi il faut ajouter un "environnement économique difficile", selon les mots employés par Markus Kattner. Malgré des réserves de 1,5 milliard de dollars, la Fifa est "en retard de 550 millions de dollars" (500 M EUR) sur ses objectifs financiers d'ici à 2018, a annoncé le secrétaire général par intérim. Ce dernier a tout de même maintenu "l'objectif de chiffre d'affaires de 5 milliards de dollars pour la période 2015-2018".
Selon une source proche de l'organisation, la Fifa devrait enregistrer en 2015 des pertes un peu supérieures à 100 millions de dollars.
En attendant l'élection du président, le Congrès a validé le train de réformes censé restaurer une image largement écornée. Ces mesures visent essentiellement à améliorer la gouvernance avec une limitation à 12 ans du cumul des mandats du président, à contrôler de l'intégrité des élus et à augmenter la transparence des flux financiers et des rémunérations.