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Noël Le Graët a tranché: la FFF votera pour le candidat de l'Europe, Gianni Infantino, à l'élection présidentielle de la Fifa, quitte à exacerber encore un peu plus la fracture avec la Ligue et Frédéric Thiriez, partisans du Français Jérôme Champagne.
Dans le même temps, un autre des cinq candidats a mis en avant une ligne "Tout sauf l'Europe": le Sud-Africain Tokyo Sexwale a prévenu qu'il ferait tout pour empêcher l'élection d'un Européen.
Le vote de Le Graët, officialisé vendredi, ne faisait plus guère de doute depuis le clash survenu jeudi avec Jérôme Champagne, ex-secrétaire général adjoint de la Fifa et seul Français en lice.
Ce dernier a tenté, en vain, d'obtenir le soutien de la FFF, jeudi dans une brasserie parisienne. Le rendez-vous a tourné à l'altercation verbale entre les deux hommes. Champagne ayant affirmé qu'il allait "attaquer" cette position, Le Graët lui a asséné, selon plusieurs sources: "Vous êtes un petit monsieur. Je vous emmerde."
Le choix du dirigeant breton a été avalisé jeudi par la quasi-totalité de son Comité exécutif (11 membres favorables sur douze, seul Thiriez ayant voté contre, selon une source proche du dossier).
- JO-2024 -
Ce n'est pas une surprise: après le renoncement de Michel Platini , suspendu 8 ans de toutes fonctions officielles, Le Graët a joué la carte de la légitimité en optant pour le candidat de substitution de l'instance européenne. Le Graët a toujours été un fervent soutien de Platini jusqu'à son retrait. Et Infantino est l'un des favoris de l'élection, contrairement à Champagne, simple outisder.
La prise de position de la FFF risque en tout cas de creuser une nouvelle fois le fossé avec la Ligue.
Lors du bureau de la LFP, au sein duquel Le Graët est représentant de la FFF, certains ont fait part jeudi de leur préférence pour Champagne avec un argument de poids: la candidature de Paris à l'organisation des jeux Olympiques 2024. En tant que membre de droit du CIO, le futur patron de la Fifa se prononcera en effet en 2017 pour le choix de la ville-hôte des JO.
Les relations entre les deux présidents de la FFF et de la Ligue sont orageuses. Ils n'ont cessé de s'opposer sur divers sujets depuis plusieurs mois, dont la question du nombre de montées/descentes entre les différentes divisions ou la posture à adopter vis-à-vis de Karim Benzema dans l'affaire de la sex-tape.
Le 10 décembre, le président de la FFF avait violemment taclé Thiriez devant la presse: "Je prétends que 100% des journalistes considèrent que Thiriez n'y connaît rien en football."
Outre Infantino, Champagne et Sexwale, les autres candidats à la tête de la Fifa sont le Cheikh bahreïni Salman, patron de la Confédération asiatique (AFC), et le Prince Ali, demi-frère du roi Abdallah de Jordanie. Tous briguent le siège occupé par Joseph Blatter depuis 1998 à la tête d'une Fédération en proie à la plus grande crise de son histoire, sur fond de corruption à grande échelle.
- 'Le temps des alliances' -
Les dernières déclarations de Sexwale, ancien compagnon de route de Nelson Mandela, semblent ouvrir la voie à un front anti-européen qui pourrait profiter au cheikh Salman.
"Je ferai tout pour que le président de la Fifa soit d'Afrique ou d'Asie, mais pas d'Europe", a affirmé jeudi le Sud-africain à la radio Metro FM.
Sexwale a ensuite eu une phrase lourde de sens: "Le temps des alliances est arrivé."
La Confédération africaine de football (CAF) prendra une éventuelle décision sur un soutien à un candidat le 5 février, lors de son Comité exécutif. Mais elle a déjà conclu le 15 janvier un accord de partenariat technique avec l'AFC, qui pourrait constituer un premier pas vers un soutien de l'Afrique envers Salman.
Le choix du continent africain, qui compte 54 fédérations nationales, pourrait s'avérer décisif.
Alors qu'on se rapproche de l'élection, Blatter et Platini poursuivent leur bataille juridique. Tous deux sont suspendus huit ans en raison du paiement controversé de 1,8 million d'euros du Suisse au Français en 2011 pour un travail de conseiller achevé en 2002 sans contrat écrit. Ils connaissent désormais leurs dates de passage devant l'instance d'appel de la Fifa: le 15 février pour Platini, le 16 pour Blatter, dix jours pile avant l'élection.