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Secrétaire général de la Fifa auprès du président Joseph Blatter pendant sept ans et limogé mercredi, Jérôme Valcke a toujours traîné une réputation sulfureuse au gré d'une kyrielle de controverses financières et déclarations incendiaires.
Le couperet a fini par tomber sur cet ancien journaliste de 55 ans. Accusé par la presse britannique de revente sur le marché noir de milliers de places lors du Mondial-2014 au Brésil, il avait été relevé de ses fonctions en septembre dernier, et encourt désormais une suspension de 9 ans dans le monde du foot. Il nie "les allégations fabriquées et outrageuses", selon son avocat.
Sa robuste silhouette d'1,95 mètre surmontée de lunettes et son anglais courant caractérisé par un accent français à couper au couteau faisaient partie du décorum de la Fifa depuis sa nomination comme N.2 en juin 2007.
Mais les soupçons lestent alors déjà son irruption au sommet du foot mondial. Il avait été évincé sans ménagement l'année précédente, quand il était le directeur marketing de l'instance, pour avoir été au c?ur d'un litige entre deux grands sponsors, Mastercard et Visa. La Fifa doit payer 90 millions de dollars (environ 82 M EUR) de dédommagements à Mastercard, mais Valcke est donc rappelé et promu, à un poste éminemment stratégique...
- 'Un moindre niveau de démocratie est parfois préférable' -
Ce Parisien de naissance, affable et séducteur, avait débuté sa carrière dans les années 1980 comme journaliste à Canal+ et s'était constitué un solide carnet d'adresses au sein de la chaîne cryptée dans la décennie suivante, comme directeur adjoint du service des Sports puis à la tête de la filiale Sport+.
Il avait appris les ficelles de l'économie du foot auprès de Jean-Claude Darmon, le pionnier du marketing foot en France, et Ricardo Teixeira, patron aussi puissant que controversé du foot brésilien de 1989 à 2012.
A partir de juin 2007, le bras droit de Blatter se fait connaître du grand public par sa liberté de ton, qui ne s'embarrasse pas toujours de vernis diplomatique et tranche avec le langage policé de "Sepp".
Chargé de superviser l'organisation des Coupes du monde, il lâche ainsi en avril 2013: "Je vais dire quelque chose de fou, mais un moindre niveau de démocratie est parfois préférable pour organiser une Coupe du monde. Quand on a un homme fort à la tête d'un Etat qui peut décider, comme pourra l'être Poutine en 2018, c'est plus facile pour les organisateurs qu'avec un pays comme l'Allemagne où il faut négocier à plusieurs niveaux".
Sa légèreté ou son franc-parler vont tendre les relations avec des organisateurs de Mondial. Il courrouce ainsi le Qatar: dans un mail rendu public, il écrit en 2011 à propos du Qatari Mohamed Bin Hammam, éphémère challenger de Blatter bientôt suspendu à vie du foot: "Peut-être qu'il (Bin Hammam) pensait qu'il pouvait acheter la Fifa comme ils (les Qataris) ont acheté le Mondial (2022)"...
- 'Botter les fesses' -
Valcke argue alors d'un "ton plus léger" et "moins formel" que d'habitude, à propos de la "puissance financière" du Qatar et assure ne pas vouloir suggérer par là un achat de voix. L'attribution controversée du Mondial-2022, fin 2010, portera en germe le scandale de corruption à grande échelle qui éclatera en 2015.
Sa saillie la plus célèbre ? Irrité par les retards sur les chantiers du Mondial-2014, il incite les Brésiliens à se "botter les fesses". Enorme scandale au pays du football roi, de l'homme de la rue jusqu'aux sphères politiques, au point que Valcke devient persona non grata, jusqu'à ce qu'il fasse amende honorable.
Mais c'est dans le cadre de l'organisation de la précédente Coupe du monde, en Afrique du Sud, que les ennuis se précisent pour lui. Dans la foulée du fameux congrès du printemps dernier, il est accusé d'avoir transféré 10 M USD (9,1 M EUR) sur des comptes gérés par l'ancien vice-président de la Fifa, Jack Warner, potentat affairiste des Caraïbes désormais radié à vie du foot.
Il s'en défend en assurant avoir été le simple exécutant d'un "versement validé par le président de la commission des finances de la Fifa" de l'époque, feu l'Argentin Julio Grondona. Pourra-t-il rebondir cette fois ?