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L'ère post-Blatter a vraiment commencé: Gianni Infantino, le nouveau patron de la Fifa, a signé vendredi un accord de sponsoring de premier plan avec le géant chinois Wanda, illustration de la volonté de ce conglomérat d'être un acteur majeur du sport mondial.
Cet accord, dont le montant n'a pas été révélé, intervient au moment où la Fifa a annoncé une perte de 107,7 millions d'euros en 2015. En retard de 500 millions d'euros sur ses objectifs financiers d'ici à 2018 et ébranlée depuis des mois par un scandale de corruption, elle peut donc un peu mieux respirer.
Depuis son élection le 26 février, "le vent a tourné, les relations avec les partenaires ont changé", veut croire Infantino. A l'issue de son premier comité exécutif, il a promis l'annonce de "nouveaux sponsors dans les prochaines semaines".
L'Italo-Suisse espère que la défiance des sponsors, qui avait accompagné la fin de règne de Blatter sur fond de scandale, a été effacée par le paquet de réformes adoptées par la Fifa pour plus de transparence.
Wanda profitera des droits sur les compétitions de la Fifa jusqu'à la Coupe du monde 2030 comprise. Le conglomérat détient désormais "le plus haut niveau de droits de sponsoring, notamment pour les quatre prochaines éditions de la Coupe du monde", c'est à dire en 2018 (Russie), 2022 (Qatar), 2026 (non attribuée) et 2030 (non attribuée), précise la Fifa.
Avant même qu'éclate le scandale de corruption, deux sponsors majeurs, Emirates et Sony, avaient mis fin à leur partenariat en novembre 2014 et n'avaient jamais été remplacés.
- La Chine a faim de foot -
Ce partenariat est aussi une démonstration éclatante de l'intérêt grandissant de la Chine pour le football: sous l'impulsion du Parti communiste et du président Xi Jinping, le pays rêve de devenir une puissance mondiale de ce sport et d'accueillir un jour la Coupe du monde, pourquoi pas dès 2030.
Pour preuve, le championnat chinois - la Chinese Super League (CSL) - a été le plus dépensier du mercato d'hiver de la planète, loin devant la Premier League anglaise, en déboursant 331 millions d'euros.
Wanda est la propriété du magnat Wang Jianlin, 61 ans. Avec des avoirs estimés à 29 milliards de dollars, c'est l'un des hommes les plus riches de Chine et, selon Forbes, la 18e fortune du monde.
Spécialisé dans l'immobilier et le divertissement, son groupe a pris l'an dernier une participation de 20% dans l'Atletico Madrid, finaliste de la Ligue des champions en 2014. Le conglomérat a aussi racheté l'agence de marketing sportif Infront, basée à Zug, en Suisse, et dirigée par Philippe Blatter, neveu de Sepp Blatter.
Infront, fondée en 2002 par l'ancien patron d'Adidas Robert Louis-Dreyfus, a déjà des contrats avec la Fifa mais Infantino n'y voit aucun conflit d'intérêt: "Tout a été fait dans le respect de nos règles de conformité".
Par ailleurs, Wanda possède la société World Triathlon Corporation (WTC), qui organise les fameux triathlons Ironman.
Le conglomérat ne s'intéresse pas qu'au ballon rond. En janvier, il a signé un accord de 3,5 milliards de dollars pour le rachat du studio hollywoodien Legendary Entertainment ("Interstellar", "Godzilla"), présenté comme la plus grande acquisition internationale de la Chine dans le secteur de la culture.
- Salaire -
De quoi rendre Infantino "confiant et motivé" au lendemain d'annonces pourtant moins rassurantes pour son institution.
Au rayon financier, pour la première fois depuis 2002, la Fifa a annoncé une perte de 107,7 millions de dollars sur son exercice écoulé, en raison notamment des coûts engendrés par le scandale de corruption.
Malgré tout, elle maintient un objectif financier élevé de 5,65 milliards de revenus pour la période 2015/2018, afin notamment de financer l'ambitieux programme de développement et de redistribution aux fédérations budgété à 517 millions de dollars, sur lequel Infantino a été élu.
Au rayon judiciaire, la Fifa a appris jeudi l'ouverture d'une procédure pénale en Suisse pour "soupçons de gestion déloyale multiple et d'autres délits" à l'encontre de Jérôme Valcke, son ancien secrétaire général.
L'ancien bras droit de Blatter avait été suspendu 12 ans pour, notamment, son implication dans un système de revente de billets au Mondial.
"Les enquêtes se poursuivent et depuis le début la Fifa a coopéré", a assuré Infantino. "La Fifa va continuer à le faire, c'est d'une importance vitale car la Fifa est une victime", a-t-il ajouté.
La veille, la Fifa avait également innové en révélant le salaire jusque-là tenu secret de Blatter.
Si l'ancien président a touché 3,28 millions d'euros en 2015, on ne sait pas en revanche combien va toucher Infantino, malgré ses promesses de transparence.
"Je ne connais pas encore mon salaire, a-t-il assuré. Ce n'est pas ma priorité. Quand il sera fixé, vous le connaîtrez".