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Une équipe de France qui "monte en puissance", des petits problèmes en défense, un Pogba "travailleur": Alain Giresse , Marius Trésor, Patrick Battiston et Bernard Genghini , cadres des Bleus des années 1970 et 1980, posent leur regard pour l'AFP sur leurs successeurs à l'Euro-2016.
. Montée en gamme, mais attention
"Une équipe comme la Croatie a attaqué cet Euro tambour battant, et en 8e ils sont éliminés. Donc je préfère que l'équipe de France ait attaqué petitement et qu'elle monte au fur et à mesure en puissance", analyse Trésor. "En 1998 c'était la même chose, en 2006, le premier tour avait été très difficile et à l'arrivée l'équipe de France avait été en finale", ajoute l'ancien défenseur.
Genghini, champion d'Europe 1984 avec la France, insiste sur "la dynamique" qui se dessine: "Il y a une équipe qui se dégage, une ossature qui s'est faite. Contre l'Islande (5-2 en quarts), ils se sont bien placés les uns par rapport aux autres."
Giresse, lui aussi sacré en 1984, dresse un bilan en deux volets. "Comme on l'évaluait avant le début de l'Euro, le secteur offensif reste le point fort de cette équipe". Voilà pour les plus. Pour les moins: "Prendre deux buts contre l'Islande ce n'est pas forcément trop important, mais on se dit toujours que ça peut être compliqué si ça se reproduit contre une équipe beaucoup plus forte".
. Umtiti et Evra en questions
Samuel Umtiti pourrait-il être titulaire face à l'Allemagne ? "C'est très difficile de juger Umtiti sur le match contre l'Islande, tant l'équipe de France a dominé", répond Trésor. "En ce qui concerne Rami lors des matches amicaux, ça avait été difficile pour lui mais je trouve que le duo qu'il forme avec Koscielny marche bien".
Patrice Evra est-il décevant ? "J'ai l'impression que sa présence aide beaucoup les jeunes qu'il a autour de lui, après il a l'expérience de ces grands rendez vous, rebondit Trésor. Si on le sort pour la demi-finale et la finale alors qu'il jouait jusqu'à présent, personne ne comprendrait".
Giresse prend aussi la défense du joueur de la Juve: "Est-ce qu'il est le seul inattentif sur les buts islandais? Non. Et puis les deux buts n'arrivent pas de son côté".
. Pogba "s'est mis à la tâche"
"On a vu que Pogba s'est mis à la tâche", se réjouit Giresse, alors que le milieu était critiqué en début de tournoi. "Bien sûr, le but contre les Islandais est un plus, mais il a surtout retrouvé de la simplicité, un repositionnement sûr. Là il était dans un registre de milieu travailleur qui lui va très bien, et il a une relance technique vraiment impressionnante", avance encore "Gigi".
Pour Trésor, "ce garçon donne l'impression d'être un peu difficile à cerner". "Mais je trouve que sur le terrain, quand tu as des garçons comme ça, ça ne peut qu'entraîner le reste de l'équipe, surtout quand il joue simple, quand il se déplace", dissèque le Guadeloupéen, admiratif: "Le but qu'il marque contre l'Islande, il est deux têtes au dessus de ses adversaires. C'est une force de la nature".
. Griezmann "est en feu"
"Griezmann est en feu, et Payet l'accompagne bien, ils ont pris le pouvoir, c'est eux qui impulsent le jeu offensif, ils donnent une autre dimension", se réjouit Giresse, alors que le premier est meilleur buteur du tournoi (4 buts).
"Ils n'ont pas encore le niveau de Michel Platini , non, mais ils ont un niveau suffisamment élevé pour faire réfléchir nos adversaires, et je pense que les Allemands sont déjà en train d'y réfléchir", note encore l'ancien membre du carré magique avec "Platoche".
Olivier Giroud "est moins en vue qu'eux, mais l'important c'est la complémentarité dans une équipe, et il est le complément parfait de nos deux points forts Griezmann et Payet" complète Giresse, aujourd'hui sélectionneur du Mali.
. Un prono contre l'Allemagne ?
"Moi j'aimerais tout simplement 2-0 pour la France, un but par mi-temps, ce serait super chouette, se lance Trésor. Il ne faut pas oublier: 1984, on est champions d'Europe; 2000 on est champions d'Europe; tous les 16 ans, et là on est 16 ans après".
L'Allemagne est favorite "au palmarès, oui mais un palmarès n'a jamais fait gagner une équipe", souligne l'ancien joueur de Marseille et Bordeaux.
Patrick Battiston , héros malheureux d'un France-RFA mythique 1982, qu'il avait fini sur une civière, penche aussi en faveur des Bleus: "Contre l'Allemagne, je sens que les Français sont prêts. On a retrouvé ce jeu simple, alerte où on porte moins le ballon, où on joue plus avec des passes courtes parfois avec beaucoup de mouvement". Et Genghini veut y croire lui aussi: "Je les sens bien aller au bout".