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Forfaits en cascade, accusations de racisme portées contre Didier Deschamps : la préparation pour l'Euro-2016 prend de plus en plus des allures de chemin de croix pour l'équipe de France et son sélectionneur.
Les Bleus et leur patron étaient venus en Autriche pour quatre jours de stage paisible, à l'abri des regards et à la recherche de la "tranquillité", selon les mots de Deschamps, loin des titres de la presse anxiogènes autour du tournoi, entre menace terroriste ou appels à la grève reconductibles.
Raté! L'hôte du CHAMPIONNAT D'EUROPE ne connaît aucun répit et voit le climat s'alourdir à un peu plus d'une semaine du match d'ouverture contre la Roumanie, le 10 juin au Stade de France.
Rarement les semaines précédant une phase finale auront été aussi mouvementées, rappelant les pires heures de l'équipe de France juste avant le fiasco retentissant du Mondial-2010 en Afrique du Sud et la grève de l'entraînement à Knysna.
A peine les pieds posés dans la station tyrolienne de Neustift (Autriche) sous une pluie persistante, les Français ont perdu mardi soir un nouveau joueur et pas n'importe lequel, Lassana Diarra , la sentinelle du milieu de terrain. Touché au genou gauche, le joueur de Marseille (31 ans, 34 sélections) a dû renoncer juste avant la date-limite imposée pour le dépôt des listes des 23 à l'UEFA.
Le forfait de "Lass" fait les affaires de Morgan Schneiderlin (26 ans, 15 sélections) mais il n'arrange absolument pas Deschamps, obligé de se séparer d'un élément expérimenté, passé par les plus grands clubs (Real Madrid, Arsenal, Chelsea), et de rebâtir une partie de son entre-jeu alors qu'il fait déjà face à un énorme chantier en défense après les défections de Raphaël Varane, de Jérémy Mathieu, blessés, et de Mamadou Sakho , suspendu jusqu'au 28 mai pour une infraction à la législation antidopage.
- Camouflet pour Deschamps -
Voilà pour la partie strictement sportive. Mais les polémiques sur la non-sélection de Karim Benzema et Hatem Ben Arfa risquent d'avoir autant d'impact, voire plus, sur le moral des troupes que les pépins physiques à répétition des cadres bleus.
La première salve lancée par Eric Cantona , accusant Deschamps de ne pas avoir retenu les deux attaquants en raison de leurs origines nord-africaines, avait déjà quelque peu pourri l'ambiance générale et poussé le technicien français à porter plainte pour "diffamation".
Mais la sortie de Karim Benzema dans Marca est plus spectaculaire et menace désormais de fracturer le groupe entre les pro et les anti. Pour le joueur du Real Madrid, non sélectionné pour l'Euro-2016 en raison de sa mise en examen dans l'affaire du chantage à la sex-tape contre Mathieu Valbuena , le sélectionneur "a cédé à la pression d'une partie raciste de la France".
Attaquant du plus grand club du monde, le double vainqueur de la Ligue des champions avec le Real Madrid est un personnage respecté en équipe de France et conserve des soutiens parmi les internationaux malgré l'affaire de la sex-tape. Son interview au quotidien sportif espagnol pourrait ainsi avoir des conséquences non négligeables sur la cohésion de la bande à Deschamps.
Les déclarations de Benzema prennent surtout des allures de camouflet pour le sélectionneur qui a longtemps soutenu le meilleur buteur en activité des Bleus (28 ans, 81 sélections, 27 buts) avant de se résoudre à se passer de ses services. A la pression venue des sommets de l'Etat (le Premier ministre Manuel Valls) s'étaient greffés des enquêtes d'opinion dévastatrices pour le joueur et des résultats sportifs plutôt probants en son absence.
Deschamps "est en pleine forme, il est costaud (...), irréprochable", a toutefois assuré Noël Le Graët, le président de la Fédération française de football, dans un point-presse improvisé mercredi devant l'hôtel des Bleus en Autriche.
" Karim Benzema , je l'aime bien, je n'ai pas changé d'idée, il s'est laissé un peu aller, je préfèrerais qu'il soit plus aimable avec ses copains, mais je ne lui en tiens pas rigueur", a ajouté le patron de la FFF.
- Menace terroriste, conflits sociaux -
Le stage à Biarritz, puis le match amical contre le Cameroun (3-2), lundi à Nantes, avaient montré un engouement populaire pour l'équipe de France dans la perspective de l'Euro organisé à la maison. Cette union sacrée pourrait aussi voler en éclats, loin de la mystique "Black-Blanc-Beur" incarnée par les champions du monde 1998 dont le capitaine était... Didier Deschamps .
Pour assombrir encore un peu plus le tableau à l'approche du tournoi continental, les Bleus, retranchés dans leur repaire tyrolien, ont peut-être également pris connaissance de l'avertissement lancé mardi par le Département d'Etat américain sur les risques d'attentats "terroristes". Le Président de la République François Hollande a de son côté prévenu que "la menace reste celle du terrorisme", dans un entretien à Sud Ouest.
Des alertes qui interpellent forcément les Bleus. Les Français, qui bénéficient désormais d'un renforcement conséquent de leur dispositif de sécurité, n'ont pas oublié que le Stade de France avait été pris pour cible le soir du 13 novembre 2015 pendant le match France-Allemagne.
Outre le terrorisme, il y a aussi des possibilités de paralysie du pays en raison des conflits sociaux.
Bref, la route vers l'Euro est plus tortueuse que jamais pour les Bleus, censés atteindre au moins les demi-finales de la compétition. Vu l'atmosphère viciée de cette préparation, ce serait déjà un immense exploit.