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Un emblème tout en discrétion: buteur en finale du Mondial-2010 mais collectif avant tout, Andres Iniesta aborde l'Euro-2016 avec un statut de héros national en Espagne, malgré un caractère réservé qui tranche dans l'univers bling-bling du football.
Est-ce parce qu'il fuit la lumière que son teint est si pâle? Le natif de Fuentealbilla, dans la région de la Manche (centre de l'Espagne) n'a jamais cherché à attirer sur lui les feux. Pour rire, son ex-équipier en sélection Pepe Reina l'avait un jour présenté comme "l'homme qui n'était pas en bons termes avec le soleil".
Mais dans l'ombre, Iniesta s'épanouit. Il a le triomphe modeste, la technique élégante et la parole mesurée. "Le football est un jeu très sérieux où il faut s'amuser", a-t-il jugé fin mars, voix douce et sourire timide.
L'expérimenté milieu offensif du FC Barcelone (32 ans) aurait pourtant des raisons de bomber le torse, vu son palmarès: champion du monde (2010) et double champion d'Europe (2008, 2012) avec la "Roja", quatre fois vainqueur de la Ligue des champions avec le Barça, son club formateur, dont il est devenu le joueur le plus titré avec la star Lionel Messi .
Certes, éclipsé par l'Argentin, Iniesta n'a jamais obtenu le Ballon d'Or que sa carrière aurait mérité, terminant 2e en 2010. Mais l'actuel capitaine du Barça pense avant tout le football comme une discipline collective. "Un capitaine, sans ses partenaires, n'est personne", estime cet amateur éclairé de pelote basque.
Si son geste favori est la passe, c'est un but qui l'a fait entrer dans le coeur des Espagnols: celui inscrit en finale du Mondial-2010 contre les Pays-Bas pour offrir à la "Roja" sa première couronne planétaire (1-0 a.p.).
- 'Patrimoine de l'humanité' -
Tout le pays se souvient de l'explosion de joie du joueur et du message qu'il portait sous son maillot, en hommage à son ami Dani Jarque, capitaine de l'Espanyol Barcelone, décédé d'une crise cardiaque en 2009 à l'âge de 26 ans.
Aussitôt, pour les Espagnols, Iniesta est devenu "Don Andres", un grand monsieur. L'international (107 sélections) est désormais ovationné sur la plupart des pelouses du pays et l'entraîneur barcelonais Luis Enrique l'a érigé au rang de "patrimoine de l'humanité".
"Je me sens privilégié", commente l'intéressé. "Je suis fier d'avoir été présent lors de cette minute aussi importante pour la sélection espagnole (...). Cela restera gravé dans l'histoire et je suis l'homme le plus heureux du monde d'avoir contribué à réaliser le rêve de tous."
Avec la retraite internationale de son ancien complice Xavi Hernandez, Iniesta est désormais l'unique chef d'orchestre de la sélection, à qui il apporte son toucher de balle magique et sa vision du jeu.
"Nous avons toute confiance en lui", a dit mardi le sélectionneur espagnol Vicente Del Bosque . "Après une saison aussi intense, il faut espérer qu'il arrive en pleine forme."
Par chance pour l'Espagne, le petit milieu (1,70 m, 68 kg) a été ménagé tout au long d'une campagne à rallonge s'achevant à l'Euro en France (10 juin-10 juillet).
"Cette saison, je me sens très bien. C'est l'une des saisons où je prends le plus de plaisir individuellement et collectivement", a reconnu ce héros de l'ombre, qui espère sans doute ramener l'Espagne dans la lumière.