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Didier Deschamps ne souhaite pas "rentrer dans le débat" mais les joueurs de l'équipe de France interrogés jeudi n'ont pas hésité à monter au front pour le défendre après les déclarations fracassantes de Karim Benzema , qui a accusé le sélectionneur d'avoir "cédé à une partie raciste de la France" en ne le retenant pas pour l'Euro-2016.
Le technicien français a pris le parti d'ignorer publiquement l'énorme polémique créée par l'attaquant du Real Madrid. Dans un entretien accordé à l'AFP dans la matinée, il a voulu renvoyer l'image d'un patron serein, concentré sur sa tâche et imperméable à l'immense tapage causé par Benzema.
"Je n'ai pas de réaction. Je ne veux pas rentrer dans ce débat, je ne suis pas là pour ça. Je n'ai rien à dire là-dessus. Je suis concentré sur la compétition et ce qui nous attend", a-t-il indiqué.
"Je prends vraiment beaucoup de recul, je sais pourquoi je suis là, avec mon staff et pour les joueurs, a également insisté le sélectionneur. Aujourd'hui, il y a des gens qui n'aiment pas l'équipe de France et ils ne l'aimeront pas. On n'est pas là pour faire l'unanimité, mais ceux qui sont là l'aiment et ont envie de vibrer et de la voir la plus performante possible."
On ne connaîtra donc pas le fond de la pensée de Deschamps à propos d'un joueur qu'il a longtemps défendu, même au plus fort de la crise causée par sa mise en examen dans l'affaire de la sex-tape, et qui l'associe désormais au racisme.
- 'C'est vraiment désolant' -
Les joueurs présents dans l'après-midi en conférence de presse ont eux donné plus d'indications sur le sentiment qui traverse le vestiaire bleu depuis le déclenchement de cette tempête. Et, comme par hasard, ce discours de vérité est sorti de la bouche de deux remplaçants, Morgan Schneiderlin et Christophe Jallet.
Mercredi, les deux cadres Blaise Matuidi et Antoine Griezmann avaient éludé les questions sur le cas Benzema, laissant le jeune Kingsley Coman (19 ans) se fendre d'un retentissant "c'est du n'importe quoi". Cette fois, la même loi hiérarchique a prévalu.
"Quand certains accusent le coach de racisme, c'est vraiment désolant, a estimé Schneiderlin, initialement parmi les réservistes mais repêché in extremis dans les 23 après le forfait de Lassana Diarra mardi. Il suffit de le connaître, de voir ses sélections, comment il nous parle, pour se rendre compte qu'il est à des années-lumière d'être raciste. Dans le groupe, il y a différentes religions, différentes couleurs de peau. C'est triste de parler de ça. Les polémiques, on s'en serait tous bien passé. Si on pouvait les arrêter le plus vite possible, ce serait gentil."
Le défenseur Christophe Jallet a repris quasiment les mêmes arguments, affirmant qu'"il y a beaucoup de communautés différentes représentées en équipe de France et ça ne nous empêche pas de bien vivre ensemble."
"Je n'ose imaginer une seconde qu'il y ait une once de racisme dans les choix du sélectionneur, a-t-il poursuivi. On peut voir ses sélections précédentes, il prend les joueurs les plus à même d'être compétitifs sur l'Euro."
- Martial banal -
Avec l'arrivée d'Anthony Martial devant les journalistes, la langue de bois footballistique a toutefois vite repris le dessus.
L'attaquant de ManU, âgé de 20 ans, n'est visiblement pas aussi à l'aise que ses deux coéquipiers dans l'exercice médiatique. A moins que ce ne soit une volonté de ne prendre aucun risque sur un sujet brûlant.
Il a en tout cas lâché un très banal "je n'ai pas lu les journaux, je ne peux rien vous dire, tout simplement."
Personne n'est obligé de le croire mais il aura été en cela fidèle à la stratégie de communication de Deschamps: en dire le moins possible sur une affaire qui empoisonne la préparation des Bleus à un peu plus d'une semaine du début de l'aventure, le 10 juin contre la Roumanie au Stade de France.