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"Le racisme a bon dos", "Il n'a pas mesuré la dangerosité de ses propos", "Son discours le déresponsabilise" ... Karim Benzema se retrouve isolé au lendemain de ses déclarations fracassantes selon lesquelles Didier Deschamps a "cédé à une partie raciste de la France" en ne le sélectionnant pas pour l'Euro.
Une partie du monde politique et du milieu sportif a de nouveau condamné jeudi les propos du joueur du Real Madrid tenus la veille dans le journal espagnol Marca, tout en soulignant qu'au-delà de son cas, le racisme existe dans la société française.
Depuis l'Autriche où les Bleus sont en stage de préparation, le milieu de terrain Morgan Schneiderlin a estimé que "quand certains accusent le coach de racisme, c'est vraiment désolant".
"Il suffit de le connaître, de voir ses sélections, comment il nous parle, pour se rendre compte qu'il est à des années-lumière d'être raciste. Dans le groupe, il y a différentes religions, différentes couleurs de peau. C'est triste de parler de ça", a insisté le joueur de Manchester United.
Le défenseur Christophe Jallet a de son côté estimé qu'"il y a beaucoup de communautés différentes représentées en équipe de France et ça ne nous empêche pas de bien vivre ensemble."
En revanche, le sélectionneur Didier Deschamps a déclaré à l'AFP qu'il ne voulait pas "rentrer dans ce débat".
"Je n'ai rien à dire là-dessus. Je suis concentré sur la compétition et ce qui nous attend", a indiqué Deschamps. "Après, il y a plus ou moins de perturbations (...) Aujourd'hui, il y a des gens qu n'aiment pas l'équipe de France et ils ne l'aimeront pas. On n'est pas là pour faire l'unanimité mais ceux qui sont là l'aiment et ont envie de vibrer."
Jamel Debbouze, qui avait contribué à faire enfler la polémique en estimant lundi que Karim Benzema et Hatem Ben Arfa , absents de l'équipe de France, "pay(ai)ent la situation sociale" du pays, a même fait machine arrière sur RTL jeudi.
"Je ne m?attendais pas à ce que ça prenne autant de proportion. Je suis un citoyen avant d?être un comique et j?ai livré un sentiment", a dit le comédien, avant de déclarer son soutien aux Bleus et sa volonté de "ne pas les perturber avec (ses) conneries".
Les propos polémiques de l'humoriste avaient été tenus quelques jours après ceux de l'ex-international Eric Cantona , selon qui le sélectionneur Didier Deschamps avait écarté Benzema et Ben Arfa à cause de leurs "origines nord-africaines".
Jeudi dans Libération, l'ancien joueur a jugé "normal" que Benzema "s'exprime et agisse comme un citoyen français avant de se penser comme un joueur. Un citoyen qui répond à la problématique suivante: comment barrer la route aux extrêmes?"
"Depuis les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher, les choses ont changé, l'ambiance a changé, le regard que l'on porte sur la communauté d'origine maghrébine a changé", assure-t-il.
- 'Le racisme a bon dos' -
"Le racisme a bon dos", a assuré sur iTélé la ministre du Travail, Myriam El Khomri, actuellement dans la tourmente en raison de la loi qui porte son nom, toujours vivement contestée par les syndicats à huit jours de l'Euro en France (10 juin - 10 juillet).
"Quand on porte le maillot de l'équipe de France, il y a une forme de devoir d'exemplarité", a-t-elle poursuivi. Une allusion au fait que Benzema a été écarté de l'équipe de France à cause de sa mise en examen dans l'affaire du chantage à la sex-tape contre un autre international, Mathieu Valbuena .
Pour autant, selon elle, "il y a bien évidemment (...) des discriminations liées à l'origine dans notre pays".
Pour l'ancien défenseur Lilian Thuram , champion du monde 1998, Benzema se "déresponsabilise": "S'il n'est pas sélectionné, c'est parce qu'il y a une affaire avec Mathieu Valbuena ".
"Le racisme existe dans la société française, Benzema aurait pu faire beaucoup, ça aurait été extraordinaire qu'il soit capitaine de l'équipe de France, mais il aurait fallu qu'il soit irréprochable", a jugé sur France Info le Guadeloupéen, à la tête d'une fondation pour l'éducation contre le racisme.
Spécialiste des phrases incisives, le président du club de Toulon, Mourad Boudjellal, a lâché sur RTL: "Je crois qu?il n?a pas mesuré la dangerosité de ses propos parce que, s'il souhaite devenir un fonds de commerce des recruteurs de Daech, il ne fallait pas s?y prendre autrement".
"Sur des jeunes des cités qui sont en manque d'idéal, ça devient un excellent exemple pour certains recruteurs, de leur dire: +Regarde, même si tu deviens le meilleur dans ton sport, comme au football, regarde Benzema, tu es rejeté.+", estime Boudjellal.