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La liste n'est pas officielle, mais cinq matches du premier tour de l'Euro-2016 feront l'objet d'un dispositif et d'une attention renforcés de la part des services de sécurité, pour prévenir tout débordement lié au hooliganisme.
Sur une échelle de 4 niveaux de risques, ces cinq matches seront classés "niveau 3". La liste, que les organisateurs n'ont pas rendue publique, a été dévoilée par plusieurs médias et confirmée à l'AFP par des sources policières.
Angleterre - Russie (Gr. B, le 11 juin à Marseille), Turquie - Croatie (Gr. D, le 12 à Paris), Allemagne - Pologne (Gr. C, le 16 au Stade de France), Angleterre - Pays de Galles (Gr. B, le 16 à Lens) et Ukraine - Pologne (Gr. C, le 21 juin à Marseille) feront l'objet d'une vigilance renforcée, avec une attention toute particulière concernant Allemagne-Pologne, Turquie-Croatie et Ukraine-Pologne.
Des sources policières ont assuré à l'AFP que le dispositif de sécurité serait renforcé pour les rencontres à risques, mais que "rien n'est encore arrêté avec précision et/ou dévoilé en l'état". Seule certitude, elles "font l'objet de toutes les attentions".
- 'Spotters' -
Pour la lutte contre le hooliganisme, 200 policiers de 23 pays ont été mobilisés et un Centre de coopération policière international (CCPI) sera mis en place. Deux fonctionnaires étrangers pour chaque équipe siègeront au CCPI, "afin d'assurer en temps réel la liaison avec les effectifs sur le terrain", selon le ministère de l'intérieur.
"Il s'agira d'un endroit névralgique, où transitera l'intégralité du renseignement concernant les déplacements de supporteurs et l'évaluation du risque", a récemment expliqué le commissaire Antoine Boutonnet, chef de la division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH), lors d'une conférence à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).
Sur le terrain, des physionomistes - "+spotters+ dans le jargon du foot" -, certains en uniforme, d'autres en civil, seront chargés d'évaluer les situations à risques et de repérer d'éventuels fauteurs de troubles.
En plus d'un dispositif sécuritaire non dévoilé dans le détail mais couvrant notamment "les lieux de transit de supporteurs, les fan zones... Tout endroit où il peut y avoir un point de sensibilité par rapport à un grand nombre de personnes."
Comment a été dressée cette liste des équipes "à risques"? D'une part, il y a le "passif" de tel ou tel groupe de supporteurs: "Chaque rencontre internationale fait l'objet d'un compte-rendu de ce qui s'est passé, ce qui permet de voir l'évolution du comportement des supporters, comme par exemple l'émergence de leaders", a souligné Antoine Boutonnet.
Il y a aussi des critères empiriques, comme la taille de la délégation de supporteurs. Toutefois, la Suède, par exemple, "se déplace toujours avec un contingent important de supporteurs et certains peuvent poser des soucis", mais ceux-ci seront "assez faibles par rapport au nombre de supporteurs qui se déplacent". Question de "background", beaucoup moins chargé chez les fans suédois que chez leurs homologues anglais par exemple.
- Géopolitique -
Le contexte géopolitique compte aussi: "L'évolution de la situation entre Etats conditionne aussi un certain nombre de tensions entre supporteurs. Ce fut le cas lors de l'Euro-2012 en Pologne, où il y avait eu des rixes assez importantes impliquant la Russie", a expliqué Antoine Boutonnet.
Cette année encore, les motifs de tension éventuelle sont nombreux, puisque la Turquie, l'Ukraine et la Russie se sont qualifiées pour la compétition et que l'Allemagne et la Pologne sont dans le même groupe.
Les supporters néerlandais, traditionnellement considérés comme à risques, ne seront en revanche pas là puisque les Pays-Bas ne sont pas qualifiés.
La France garde un souvenir traumatisant du hooliganisme: lors du Mondial-98, en marge du match Allemagne - Yougoslavie, le gendarme mobile Daniel Nivel avait été agressé par des hooligans allemands à Lens. Grièvement blessé, il avait fait plusieurs semaines de coma et a gardé de sévères séquelles.
Pour autant, M. Boutonnet a tempéré les craintes en soulignant que "les gens qui suivent les (équipes nationales), c'est une population familiale de manière générale. On a peu de public type ultra."
Et les éventuels affrontements entre supporteurs ne sont pas la principale préoccupation des organisateurs: "Très honnêtement, les risques liés au hooliganisme sont très nettement secondaires par rapport aux risques terroristes", avait affirmé le président du comité d'organisation, Jacques Lambert, en décembre.