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Aux cris de "Hala Madrid" ou "Aupa Atleti", le coeur de Madrid balance: la capitale espagnole ne savait plus à quel club se vouer samedi soir, fière de ses deux équipes s'affrontant à Milan en finale de Ligue des Champions.
Elle est "du Real Madrid", il est "de l'Atletico": Monica Gonzalez et Jaime de Francisco, 25 ans, forment un couple madrilène dissonant, le temps d'une confrontation exceptionnelle entre leurs clubs chéris, frères ennemis.
"Le Real mène!", constate tranquillement la blonde Monica, employée de banque portant l'écharpe des "Merengue", digérant avec contentement le premier but de Sergio Ramos à la 15e minute...
"Mais non c'était un coup de bol!", réplique son compagnon, Jaime, dans le pub de la place Santa Anna bordée de terrasses, au centre de Madrid, où les supporters des deux clubs cohabitent en douceur.
Une fois le but marqué, le délire s'empare des 50.000 supporters du Real Madrid remplissant à moitié leur stade du Santiago Bernabeu, dans un quartier aisé de la ville. Pressés de remporter une 11e coupe, là-bas sur la pelouse de Milan, ils font deux fois plus de bruit que pour une rencontre habituelle, en suivant le match sur quatre écrans géants..
Au bar "El doblete" du stade Vicente-Calderon de l'"Atleti", dans le quartier modeste d'Arganzuela, les supporters rouge et blanc avaient peut-être senti le coup venir... Car avant même la rencontre, Ramos s'y faisait préventivement insulter...
Ignacio Zuazo, serveur de 20 ans, s'y sent "ému, nerveux, impatient" que l'Atlético gagne enfin - "c'est son tour!" - alors que toute sa famille se trouvait à Milan pour soutenir les rouge et blanc...
Le Real et l'Atletico, c'est "le frère riche et le frère pauvre", dit-on à Madrid.
Et il y a deux ans, à Lisbonne, le premier a battu le second, 4-1, au terme de la première finale entre deux clubs d'une même ville de l'histoire de la C1.
- un frère pour le Real, l'autre pour l'Atleti -
Dès samedi matin, des dizaines de groupes de supporters en tenue de rigueur avaient déambulé dans les rues de Madrid en fête.
Le rouge et le blanc de "l'Atleti", Sergio Rodriguez l'arborait sur son visage, sur la place de la Puerta del Sol, au milieu de copains du quartier de Carabanchel "plutôt populaire".
"C'est l'équipe de notre vie", disait ce garçon de 18 ans, déjà "au chômage" mais fier d'"un club qui pourrait gagner sans argent alors qu'on dit que le Real a l'effectif le plus cher du monde".
Avec ses 241 millions de budget cette saison, l'Atletico, n'est plus si "petit", mais reste loin du Real et de ses 581 millions.
"Et eux ont déjà beaucoup de coupes de la Ligue des Champions, nous aucune", plaide Sergio.
Pour faire bonne mesure, la capitale espagnole aux 3,2 millions d'habitants a affiché autant que possible les écussons des deux clubs côte à côte.
Ils flottaient sur les drapeaux ondoyant à la façade du gouvernement régional. Se collaient jusque sur les "plumcakes" des pâtisseries huppées...
Et pour prévenir les éventuels problèmes de cohabitation, plus de 1.500 agents de police avaient été mobilisés dans la capitale jusqu'à lundi.
Cas particulier, Carlos Asencio était, lui, un Catalan venu de Barcelone pour soutenir le Real Madrid. "C'est la première fois que mon fils de neuf ans vient avec moi. Comme j'étais venu avec mon père, supporter du Real" aujourd'hui décédé, dit cet enfant d'Andalous, en dégainant une photo d'eux prise en 1975.
"Vous voyez, mon écharpe est double: moitié Real, moitié Atletico", relève ce chauffeur de taxi de 48 ans. "Mon frère est pour l'Atletico. Je la lui donnerai si on perd..."