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"Jouer au foot, c'est un défi pour une fille en Inde mais aussi une chance inespérée de vivre une vie meilleure", confie Harshitha, qui participe à Lyon au "Festival 16", tournoi solidaire international accueilli pour la première fois pendant l'Euro.
Ils viennent de favelas brésiliennes, de bidonvilles indiens, en passant par les townships sud-africains ou les banlieues déshéritées d'Europe. 450 footballeurs en herbe sont rassemblés, des filles et garçons de 14 à 18 ans, originaires de 60 pays.
"Quand j'ai voulu jouer au foot, tout le monde était choqué. C'était dur, un défi pour une fille indienne... Vous êtes supposée rester à la maison, ne pas sortir de votre communauté. Alors, pour nous, c'est une formidable ouverture", dit encore à l'AFP Harshitha Turaganoor Raju, 16 ans, tout juste arrivée de Bangalore (Karnataka, sud de l'Inde).
"C'est la première fois que je prends l'avion, ma première fois à l'étranger", se réjouit la jeune fille, membre depuis quatre ans de l'association "Dream a Dream".
Même enthousiasme chez Emily Michayla Phillips, du Cap, en Afrique du sud: "je suis tellement heureuse d'être ici ! Je joue au foot dans la rue depuis mes 5 ans. C'est ma passion. Mais depuis que je suis à (l'association) Oasis, j'apprends à mieux me comporter, mieux parler aux autres, respecter les règles..."
"Plus tard, je veux être joueuse professionnelle ou travailler avec des enfants. Et puis, mélanger dans les équipes filles et garçons, c'est très bien", ajoute la jeune fille de 18 ans.
Mais loin d'être une évidence. Dans le nord du Kenya, à majorité musulmane, "c'est normalement impossible de jouer ensemble", relève Fatima Abdulkadir Adan, qui accompagne à Lyon deux garçons et deux filles de cette région, membres de l'ONG Hodi, tandis que plusieurs adolescentes portant un foulard évoluent sur le terrain.
- Contrer le machisme -
Venue d'un quartier difficile de San Jose, au Costa Rica, Alexa Vasquez Coca, 15 ans, reconnaît elle aussi qu'il faut "sacrément négocier quand on est une fille" pour jouer au foot, même si elle et ses quatre s?urs tapent toutes dans le ballon.
"C'est un pays très macho", sourit l'adolescente, membre depuis 18 mois de l'organisation "Recrearte". Elle "nous apprend des valeurs comme l'égalité entre hommes et femmes, le respect. C'est notre deuxième famille", assure Alexa.
Dans leurs pays, ces jeunes ont rejoint des associations membres du réseau international "streetfootballworld" qui promeut l'impact positif du foot, la tolérance, l'égalité femme/homme et utilise le ballon rond comme outil d'intégration et d'émancipation.
A Lyon, les matches de 30 minutes, ouverts au public, se déroulent sur le campus flambant neuf de l'association "Sport dans la ville", co-organisatrice du tournoi.
Les équipes, comme les délégations, sont mixtes; la parité totale; les règles, celles du "football3", en trois "mi-temps" (discussion avant match pour fixer les règles, match et bilan après match). Le fair play prédomine. Les joueurs célèbrent autant leurs buts que ceux de leurs adversaires. Pas non plus d'arbitre, mais un médiateur.
- 'Devenir un pro' -
Dans sa favela de Rio, au Brésil, comme à Lyon, Bruno Palva de Oliveira a les yeux qui brillent quand il parle de foot: "C'est ma vie. Je rêve de devenir un pro du football. Si ça ne marche pas, prof de sport", concède ce jeune de 17 ans, membre de la Fondation "Gol de Letra" qui l'a aidé à progresser à l'école et à ne pas tomber dans la délinquance, confie-t-il.
"Jouer au foot avec +Coaching for Hope+, ça m'a donné confiance en moi", glisse en rougissant Oliver Dove, 17 ans, venu du Yorkshire, en Angleterre, pour son "premier voyage sur le continent".
"Notre objectif est de faire vivre à ces jeunes un moment inoubliable qui va leur permettre de rentrer chez eux avec plus de force, plus d'énergie pour réussir leurs projets personnels", explique à l'AFP Philippe Oddou, cofondateur de "Sport dans la Ville".
Créée en 1998, l'association, seul membre français de streetfootballworld, compte 31 centres sportifs dans des quartiers difficiles de Lyon, Saint-Etienne, Grenoble et Paris, et emploie près de 150 éducateurs et permanents.
Le Festival 16 est notamment soutenu par la Fondation UEFA pour l'enfance, la ville de Lyon, l'Olympique lyonnais et de nombreux partenaires publics et privés.