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© AFP/FRANCK FIFE
Bernard Caïazzo, patron du syndicat des clubs de Ligue 1 Première Ligue lors d'une émission TV, le 27 mars à Paris
Droits TV au plancher, charges patronales au sommet, meilleurs joueurs exilés... Le football français, "dernier de la classe" européenne selon Bernard Caïazzo, patron du syndicat des clubs de Ligue 1 Première Ligue, veut prendre exemple sur ses voisins, notamment allemands et anglais, pour décoller.
Réunis en convention à Cannes, les présidents de L1 ont écouté mardi et mercredi David Dein et Christian Seifert, dirigeants respectifs de la Premier League et de la Bundesliga, distiller leurs conseils en matière de valorisation du spectacle pour le premier, d'organisation et de gestion pour le second.
Avec 806 millions d'euros de droits TV cumulés, soit la moitié de l'Espagne et seulement 22% des revenus audiovisuels anglais, la France reste à la traîne. "On se félicitait des droits TV français" (montés à 736,5 M EUR pour les droits domestiques en 2014, plus 80 M EUR pour les droits internationaux), rappelle Bernard Caïazzo. "Les Allemands étaient derrière nous et puis soudain, ils ont renégocié une augmentation de 80%, à 1,4 milliard! Il faut se demander comment ils ont fait."
Selon Didier Quillot, directeur général de la Ligue de football professionnel (LFP), l'alpha et l'omega d'un accroissement des revenus audiovisuels, commerciaux en général, repose sur la qualité du spectacle.
"Il faut livrer un beau et bon produit", dit-il. "Cela passe par la qualité des pelouses", un point crucial soulevé par David Dein selon qui l'explosion de la Premier League, dans les années 2000, a coïncidé avec la réfection des stades et des revêtements.
L'arbitrage est un autre facteur clé de la qualité du jeu estime le DG de la LFP, évoquant la lourde tendance aux coups de sifflet des arbitres tricolores. Enfin, M. Quillot a plaidé pour une "reprise en main" par la Ligue et les clubs "de la production audiovisuelle des matches de foot".
- "Pour la France, ce n'est pas jouable" -
Jean-Michel Aulas, vice-président de Première Ligue et patron de l'OL, a lui été très conquis par la politique anglaise consistant à ne téléviser qu'une partie des matches. "En Angleterre, seule la moitié des rencontres est diffusée afin d'attirer plus de public" dans des stades dont les taux de remplissage dépassent les 90% contre 70% en France.
Autre épine dans le pied des clubs français, serpent de mer de leurs revendications, les cotisations sociales et patronales. Bernard Caïazzo a ainsi rappelé que Lille ou Saint-Etienne payait à eux seuls plus de cotisations patronales que les clubs de Bundesliga réunis et que l'OM et l'OL, eux, atteignaient en la matière le même montant que les clubs allemands et espagnols cumulés.
Le plafonnement des cotisations en vigueur en Allemagne est une piste que souhaiteraient explorer la LFP et les clubs. Outre-Rhin a rappelé Christian Seifert, elles ne dépassent pas 12.000 euros par joueur et par an, quel que soit son salaire.
"Dans une compétition internationale, pour la France, ce n'est pas jouable", juge Bernard Caïazzo, évoquant une "exception footballistique" à définir avec les politiques. A ce titre, l'assouplissement de la loi Evin interdisant la vente et la publicité pour l'alcool dans les stades, est une autre (vieille) revendication reformulée à Cannes. Jean-Michel Aulas a ainsi révélé que les finales de Coupes d'Europe de rugby disputées à Lyon avaient généré 450.000 euros de recettes en vente de bière à l'organisateur, l'ERC.
"C'est une affaire de vision", a conclu Bernard Caïazzo. "On peut avoir une vision de rayonnement à l'étranger, ou une vision plus hexagonale qui nous mènera tout droit à une Bulgarisation", prédit-il.