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Plusieurs milliers de personnes ont rendu un nouvel hommage émouvant mercredi à Liverpool aux victimes du drame de Hillsborough, au lendemain des conclusions d'une enquête accablante pour la police, conduisant à la suspension d'un haut-responsable.
Une marée humaine s'est réunie devant le St George's Hall à la mémoire des 96 supporters de football morts en 1989 dans la pire tragédie ayant jamais frappé le sport britannique.
Les mots "Vérité" et "Justice" étaient inscrits en rouge et en lettres capitales sur une énorme bannière accrochée entre les colonnes de l'imposant bâtiment.
Beaucoup sont venus habillés de rouge, la couleur du club de Liverpool, pour déposer bouquets, écharpes et fanions au pied des marches. Avant d'observer le silence, lorsque les noms des 96 victimes ont été déclinés au haut-parleur.
"Le mur des mensonges est finalement tombé", a déclaré le maire de Liverpool, Joe Anderson. "Nous sommes unis dans le deuil, l'amour et le soutien", a-t-il ajouté.
Kenny Daglish, l'entraîneur de Liverpool au moment du drame, a lu un passage de la Bible avant de lancer à la foule: "You'll never walk alone," le vibrant chant du club, entonné ensuite par toute la foule, unie dans l'émotion.
Les familles et proches des victimes ont défilé au micro pour témoigner de leur soulagement, leur fierté.
La veille, après 27 ans de rebondissements, un jury avait conclu que les décès de 96 supporteurs après une bousculade dans le stade de Hillsborough en 1989 n'étaient pas accidentels.
Les jurés ont surtout pointé les manquements de la police et exonéré les fans de Liverpool, longtemps montrés du doigt par les forces de l'ordre et certains médias.
Conséquence immédiate, David Crompton, le commissaire de la police de South Yorkshire depuis quatre ans, celui-là même qui s'était confondu en excuses mardi, a été suspendu de ses fonctions.
"J'ai pris cette décision le coeur lourd (...) Elle est basée sur l'érosion de la confiance du public, comme l'ont laissé transparaître des prises de position à la Chambre des Communes ce (mercredi) midi", a expliqué Alan Billings, le patron de l'autorité de surveillance de la police locale.
La pression politique s'est en effet accentuée et le gouvernement britannique a condamné les obstacles auxquels les familles des victimes ont dû faire face dans leur longue quête de justice.
"Les familles ont dû affronter la machine de l'État sous toutes ses formes, qui ne voulait pas les croire", a souligné la ministre de l'Intérieur, Theresa May, devant le Parlement.
Le député travailliste Andy Burnham, très impliqué dans le dossier, et Stephen Wright, le frère de l'une des victimes, avaient réclamé la démission du commissaire de la police de South Yorkshire.
Andy Burnham a déclaré que la police a continué à "servir les mêmes mensonges", y compris lors de la dernière enquête, et déploré qu'on ait chercher à "étouffer l'affaire pendant 27 ans".
La procédure qui a abouti mardi ne peut déboucher sur aucune sanction ni condamnation en soi. Mais elle peut permettre l'ouverture d'une autre procédure pénale et d'un procès, sur la base des manquements et dysfonctionnements constatés.
John Joyce, 72 ans, qui était au stade il y a 27 ans aimerait que la police soit condamnée. "Ils (la police) ont failli dès la première minute. Ils nous ont traité de voleurs, de pickpockets, de tous les mots. C'était dur. Ça fait 27 années pourries que je vis avec ça. On a gagné. Maintenant on peut enfin être en paix", a-t-il déclaré, en essuyant une larme.