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Les populistes allemands de l'AfD ont multiplié les attaques en règle contre l'équipe nationale de foot, s'interrogeant à quelques jours de l'Euro en France, sur l'identité de la Mannschaft et la loyauté des joueurs issus de l'immigration.
Le concert de condamnations de la fédération allemande (DFB) et même du gouvernement n'y font rien, les dirigeants du parti anti-islam ont fait des champions du monde en titre leur cible favorite depuis une semaine, avec une nouvelle charge samedi contre le milieu de terrain germano-turc Mesut Özil.
C'est la patronne de l'AfD, Frauke Petry qui dans un entretien au quotidien Die Welt, a attaqué le joueur d'Arsenal, lui reprochant de ne pas chanter l'hymne national, chose rare en Allemagne, et sa foi.
"C'est dommage que Mesut Özil, une figure à laquelle s'identifie tant d'enfants et d'adolescents, ne chante pas l'hymne national", a-t-elle dit, avant de dénoncer la publication sur les réseaux sociaux par le joueur d'une photo de lui à La Mecque.
"On pourrait demander à Özil s'il a voulu ainsi lancer un message politique", a-t-elle spéculé, avant de moquer le sportif qui "ne vit pas selon les règles de la Charia". "En tout cas les femmes avec lesquelles il se montre ne portent pas le voile", a-t-elle ironisé.
Avant elle, un autre responsable du parti, Andrea Kersten, avait qualifié ce pèlerinage de "signal antipatriotique".
Mme Petry a aussi repris le discours anti-islam de son parti qui connaît une popularité croissante, profitant des inquiétudes générées par la crise migratoire en Allemagne avec l'arrivée de 1,1 millions de demandeurs d'asile en 2015.
Répétant que "l'inconstitutionnalité de l'islam était un fait", que les "racines de l'islam radical (...) sont dans le Coran et ses interprétations", il "n'est pas facile de faire la différence entre les musulmans pieux, les radicaux et les islamistes".
Avant elle, c'est l'un de ses adjoints, Alexander Gauland, qui avait sonné la charge, en s'interrogeant vendredi sur l'identité allemande de l'équipe, quelques jours après avoir estimé que les Allemands ne "veulent pas avoir (Jérôme) Boateng comme voisin", parlant du défenseur noir du Bayern Munich.
Les gens ne sont pas "si multikulti" (multiculturels), a-t-il dit. "Il y a encore un lien très fort au sol, aux gens, à l'histoire et à la tradition. Certes, ils vibrent avec le football mais ce monde multiculturel est étranger à la plupart", a jugé ce responsable.
- 'Exemple d'intégration' -
La polémique autour de la Mannschaft n'est pas sans rappeler certaines critiques exprimées en France ces dernières années, notamment par le parti d'extrême droite Front national, à l'égard de ce qu'il considère comme un nombre excessif de joueurs noirs ou d'origine étrangère dans l'équipe de France.
Les sports allemands ont vu ces dernières années s'accroître le nombre d'athlètes issus de l'immigration portant les couleurs de l'Allemagne.
La sélection partant pour tenter de conquérir des titres en France compte entre autres des joueurs aux racines, turque, ghanéenne, polonaise et tunisienne.
Ces propos de l'AfD, qui interviennent juste avant l'entrée en lice de l'Allemagne à l'Euro le 12 juin, ont valu à leur auteur un concert de condamnations, à commencer par le gouvernement allemand qui a jugé "abjecte" la sortie de M. Gaulaud contre M. Boateng.
La DFB a de son côté vivement défendu "l'équipe nationale comme (étant) un exemple réussi d'intégration".
"Des millions d'Allemands sont fiers de cette équipe, justement parce qu'elle est comme elle est, qu'elle compte dans ses rangs des gens issus de l'immigration et parce que chez nous, il s'agit de performances et non de questions d'origine et de religion", a estimé vendredi le président de la fédération allemande, Reinhard Grindel.
"Nous vivons volontiers avec les réfugiés ainsi que les gens originaires de l'immigration et nous nous faisons un devoir de bien les intégrer dans nos clubs", a-t-il ajouté.