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© AFP/MICHAL CIZEK, Patrik STOLLARZ
Photo montage avec les entraîneurs Jose Mourinho
et Pep Guardiola, le 8 septembre 2016
Y a-t-il de la place pour deux? Jamais le derby de Manchester entre United et City n'a été aussi brûlant: il opposera samedi (11h30 GMT) deux clubs au sommet de la Premier League et deux génies rivaux, les charismatiques entraîneurs José Mourinho et Pep Guardiola.
Trois ans déjà que les deux techniciens ne se sont pas affrontés. Cela remonte à août 2013 en Supercoupe d'Europe. Le Bayern Munich de Guardiola l'avait emporté aux tirs au but (2-2, 5-4 t.a.b.) face au Chelsea de Mourinho.
Des égos à hauteur de leur talent, une rivalité entretenue à coups de piques assassines, des philosophies de jeu à l'opposé entre un Portugais pragmatique et sensible à la défense et un Espagnol obsédé par la possession du ballon... L'Angleterre se régale des retrouvailles de "Mou" et "Pep", dont les deux clubs nourrissent eux aussi une détestation historique l'un envers l'autre.
D'autant que ce match est à enjeux, puisque City (1er) et United (3e) ont accumulé trois victoires en autant de journées (comme Chelsea, 2e).
L'histoire commune de Mourinho et Guardiola avait pourtant bien commencé, à la fin des années 1990, au FC Barcelone. Le Portugais (53 ans) était l'adjoint/traducteur de l'entraîneur Bobby Robson tandis que le Catalan (45 ans), alors joueur, était l'un des cadres du Barça.
Les deux hommes s'entendaient bien: il se murmure même que le joueur et le technicien avaient mis au point la tactique de la finale de la Coupe du Roi 1997 remportée contre le Betis.
"Leurs relations étaient plutôt amicales", assure Robson dans une biographie de Mourinho.
- "Cela va reprendre" -
Tout bascule en 2008. Mourinho, auréolé de ses succès d'entraîneur à Porto et Chelsea, est sondé par les dirigeants barcelonais pour prendre la succession de Frank Rijkaard : le "Special One" guigne le poste... qui sera finalement confié à Guardiola, alors seulement en charge de la réserve du Barça.
De quoi aigrir "Mou". La relation part en flammes deux ans plus tard en 2010, alors que les deux hommes croisent le fer en demi-finale de la Ligue des champions, finalement remportée par l'Inter de Mourinho. Elle prend des proportions épiques quand le Portugais se voit confier le Real Madrid cette même année.
Au centre d'entraînement du Real, Mourinho avait fait imprimer une photo de lui, le doigt pointé vers le ciel après la victoire lors de la demie de 2010, histoire de se rappeler tous les jours le but de sa mission madrilène. Mettre fin à la domination du Barça.
Ajoutez à ça la pression, le ressentiment, une séquence de quatre clasicos en deux semaines en 2012... Voilà de quoi faire dérailler une relation, surtout après 16 oppositions toutes plus musclées les unes que les autres (7 victoires pour Guardiola, 3 pour Mourinho et 6 matches nuls).
"Je suis sûr que les perpétuelles piques de Mourinho dont (Guardiola) était l'objet sont une des raisons" pour lesquelles ce dernier a quitté le Barça en 2012, juge même l'ancien défenseur de Liverpool Jamie Carragher dans le Daily Mail. "Cela va reprendre à un moment ou à un autre."
- Choix forts -
A Manchester, les deux hommes n'ont pour l'instant pas fait de vague.
Mais ils ont fait des choix forts dans leur vestiaire: Mourinho a mis Schweinsteiger sur le banc et donné les clefs à Pogba et Ibrahimovic. Guardiola s'est débarrassé de Joe Hart, n'a pas retenu Yaya Touré dans le groupe pour la C1 et a déjà fait de l'attaque des "Citizens" (amputée d'Agüero suspendu samedi) la meilleure du pays (9 buts).
En société, ils ont discuté "facilement", selon les termes de Guardiola, lors d'une réunion d'entraîneurs durant l'été. Ils ont continué depuis de jouer l'apaisement et s'y sont tenu vendredi, lors des conférences de presse d'avant-match.
La présence de Guardiola n'est "pas un problème" a assuré Mourinho, louant les qualités de son rival: "Ils ont une vraiment bonne équipe (...) Ils ont eu de très bons entraîneurs. Ils en ont un très bon maintenant."
"J'essaie d'apprendre de tous mes collègues et j'apprends aussi de lui", a insisté de son côté Guardiola. "Je l'ai dit plusieurs fois, j'ai beaucoup de respect pour lui (...) La rivalité est plus du fait des médias."
Une question subsiste: après le match, et comme le veut la coutume anglaise, demande le Sun, l'hôte Mourinho va-t-il partager un verre de vin avec Guardiola dans son bureau d'Old Trafford?
Et le Catalan d'y répondre vendredi: "J'accepterais s'il m'invite." De quoi rassurer une Angleterre si fière de ses traditions.